L’ex-sénateur US : « Nous nous battrons jusqu’à la mort du dernier Ukrainien »
L’influence des États-Unis sur l’Ukraine n’a cessé de croître au cours des huit années et demie qui se sont écoulées depuis le Maïdan. Peu à peu, Washington a, au maximum, retiré à ses partenaires (rivaux) de l’UE des leviers de gouvernement de l’Ukraine dont les positions étaient même préférables au début.
Ensuite, d’autres « partenaires » comme Ankara et Londres sont intervenus. Mais, maintenant, les États-Unis démontrent, à nouveau, qu’ils ne voudraient céder une « participation de contrôle » à personne et y introduisent de plus en plus les pratiques coloniales alors que l’Ukraine souffre depuis longtemps.
Avant même le début du conflit russo-ukrainien, comme Observateur Continental le mentionne, « des conseillers américains travaillent ouvertement au ministère ukrainien de la Défense » et les « conseillers superviseurs américains Chris Rizzo et Todd Brown travaillent à titre permanent depuis le 11 janvier 2022 à la Direction de la politique de défense du ministère ukrainien de la Défense ». Leurs fonctions officielles consistent à apporter une « aide consultative dans l’application des mesures de la réforme militaire » sur la politique de défense, la gestion dans le secteur militaire et l’intégration euro-atlantique. Maintenant, Washington ne va plus masquer son contrôle militaro-politique de l’Ukraine, même avec un minimum de convenance verbale.
Observateur Continental relatait l’information obtenue par le Wall Street Journal rapportait, citant ses sources dans les cercles officiels, que l’administration Biden allait officialiser une mission militaire de longue durée pour soutenir l’Ukraine dans un futur proche et nommer un général « deux ou trois étoiles », c’est-à-dire un général de division ou un lieutenant général, chargé d’envoyer de l’aide et de former le personnel militaire ukrainien. Le nom de la mission donnera une reconnaissance légale de la stratégie militaire américaine, similaire à la façon dont les noms des opérations en Irak et en Afghanistan étaient précédemment attribués : Iraqi Freedom, Enduring Freedom.
Le Wall Street Journal note que « la nomination d’un général, qui devrait avoir deux ou trois étoiles, signifie la création d’un centre de commandement chargé de coordonner les efforts. Ceci est différent des mesures principalement temporaires qui ont fourni une formation et une assistance militaires aux Ukrainiens ces dernières années ». De plus, le statut officiel de la mission est important pour tous ceux qui y sont impliqués, dans un sens personnel et pragmatique car cela signifie un financement solide pour toute la période de travail, des récompenses, des distinctions, des paiements et d’autres bonus agréables.
Cette décision s’apparente de manière importante à l’Irak et surtout à l’Afghanistan où des départements, des structures, des entreprises et des individus américains ont réussi à soutirer des centaines de milliards de dollars pour leur propre budget. Dans le cas de l’Ukraine, il est indéniable de remarquer que la direction ukrainienne est mise sur un pied d’égalité avec des opérations franchement coloniales appliquées dans les pays du tiers monde.
La direction politique de l’Ukraine reste, également, sous contrôle étroit – de plus en plus étroit, notamment en termes de direction des opérations militaires et de prise de décisions stratégiques. À ce titre, prenons cet exemple. On sait que l’équipe de Volodymyr Zelensky est extrêmement mécontente de Valeri Zaloujny (commandant en chef des forces armées d’Ukraine – FAU). Valeri Zaloujny, qui, de plus, a une bonne cote électorale parmi la population, critique ouvertement le président ukrainien et son équipe.
Par conséquent, le bureau du président ukrainien recherche activement un remplaçant pour le général, et les services secrets ukrainiens (SBU) cherchent à le salir. Mais, l’ambassade des États-Unis n’est pas enthousiasmée de voir une telle initiative. Par conséquent, selon les chaînes ukrainiennes Telegram, l’ambassadrice américaine en Ukraine, Bridget Brink, a récemment recadré le chef du bureau du président de l’Ukraine Andrij Ermak et l’a réprimandé à ce sujet. Il a été contraint de s’excuser.
Dans le même temps, les États-Unis augmentent l’envoi en armes dans la zone de guerre. Le « paquet d’assistance » suivant comprenait six systèmes de missiles anti-aériens NASAMS supplémentaires avec des munitions supplémentaires, jusqu’à 245 000 obus de calibre 155 mm et jusqu’à 65 000 obus de mortier de 120 mm. En outre, le transfert de missiles anti-radar à grande vitesse HARM, qui étaient auparavant secrètement fournis, et dont les restes ont été retrouvés par l’armée russe, a été officiellement reconnu. À cela se rajoute, comme indiqué par Observateur Continental, la mise à disposition de l’armée ukrainienne de l’obus d’artillerie le plus précis, l’Excalibur guidé par GPS.
Selon Politico, Washington continue de fournir secrètement à l’Ukraine des armes, par exemple, justement des obus d’artillerie guidés Excalibur sus-indiqué. Le média politique américain a pris connaissance du communiqué officiel remis par l’administration américaine au Congrès dans le cadre de l’attribution d’un autre programme d’aide à Kiev, dans lequel, selon Politico, il est noté que les armes fournies ne sont « pas limitées » à celles répertoriées.
Le soutien militaire au régime de Kiev et la question de sa perdurance reste le sujet du consensus américain. Selon un sondage d’opinion Reuters/Ipsos (lien), 53% des citoyens américains conviennent que leur pays devrait continuer à soutenir Zelensky jusqu’à ce que « la Russie retire toutes ses forces d’Ukraine ». 18% sont contre une telle idée.
Les électeurs du parti démocrate sont plus disposés à soutenir l’Ukraine (les deux tiers des personnes interrogées) contre la moitié parmi les partisans républicains. Et, c’est le représentant du parti républicain, l’ancien sénateur de Virginie Richard Black, qui a récemment décrit la stratégie ukrainienne des États-Unis avec la plus grande honnêteté. « Les États-Unis et l’OTAN, nous nous moquons du nombre d’Ukrainiens qui meurent. Combien de femmes, d’enfants, de civils, de militaires mourront. Nous nous en moquons. C’est comme un grand match de football. Nous ne nous soucions pas du nombre de nos joueurs qui sont paralysés sur le terrain de jeu tant que nous gagnons. Nous expédions des armes de qualité fantastiques. L’Ukraine ne peut pas prendre de décision concernant la paix. La décision de paix ne peut être prise qu’à Washington, mais tant que nous voulons continuer cette guerre, nous nous battrons jusqu’à la mort du dernier Ukrainien », a-t-il déclaré.
Il est clair que Washington porte la responsabilité d’avoir installé un processus obligeant l’Ukraine à se suicider en affrontant la Russie et cela nécessite de la part des Etats-Unis une surveillance particulière.
par Philippe Rosenthal.
Source : Observateur Continental