L'UE adopte un 15ème train de sanctions qui, une fois de plus, ne touche guère la Russie
Le Conseil des ministres des Affaires étrangères de l'UE s'est réuni lundi sous la direction de la nouvelle haute représentante pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, l'Estonienne Kaja Kallas. Il était déjà clair à l'avance que Kallas n'adopterait pas une ligne plus modérée. Au contraire, sous sa direction, l'UE poursuit son escalade, sa politique de sanctions et sa confrontation ouverte - surtout contre la Russie.
Le quinzième train de sanctions a été adopté, qui doit soi-disant frapper la « flotte fantôme » russe. Selon la lecture occidentale, cette flotte sert à contourner le plafonnement des prix du pétrole imposé par les pays du G7. Les sanctions visent 27 pétroliers russes ainsi que 52 autres navires battant d'autres pavillons. Ils se voient désormais interdire l'accès aux ports européens et l'accès aux services européens.
Ce qui est salué à Bruxelles comme une « étape nécessaire » s'avère toutefois, à y regarder de plus près, être une politique symbolique qui ne touche guère la Russie. Le commerce du pétrole s'est depuis longtemps déplacé vers l'Asie, où la Chine, l'Inde et d'autres marchés émergents ont remplacé l'Occident. Les dégâts restent du côté de l'Europe, qui continue de s'affaiblir elle-même en raison de la spirale des prix de l'énergie et des désavantages économiques.
L'UE étend la spirale des sanctions à la Chine et à l'Inde
Mais les sanctions ne s'arrêtent pas là: 54 personnes supplémentaires, dont des représentants des services de sécurité russes, ainsi que 32 entreprises de Chine, d'Inde et d'Iran ont été ciblées. C'est la première fois que Bruxelles s'en prend aussi ouvertement aux entreprises de ces pays. Le fait que l'UE étende désormais sa spirale de sanctions à la Chine et à l'Inde montre à quel point cette orientation est dangereuse.
Tout en croyant imposer sa « politique des valeurs », Bruxelles met en péril les relations européennes avec les puissances économiques émergentes et rend l'Europe encore plus dépendante de partenaires transatlantiques dont les intérêts ne coïncident pas toujours avec ceux de l'Europe. Une diplomatie réellement souveraine serait différente.
Kallas elle-même profite de son nouveau poste pour augmenter la pression sur l'espace post-soviétique. Dans la perspective des prochaines élections présidentielles en Biélorussie, elle a annoncé que l'UE soutiendrait le « peuple biélorusse » et élaborerait de nouvelles sanctions contre le « régime de Loukachenko ». A Bruxelles, cela sonne comme une noble intention. En réalité, cela signifie une ingérence dans les affaires souveraines qui pourrait déstabiliser davantage le pays.
Ceux qui ne se soumettent pas à Bruxelles seront isolés
La Géorgie s'est également retrouvée dans le collimateur. Le gouvernement de ce pays a annoncé qu'il suspendait le processus d'adhésion à l'UE jusqu'en 2028 - un acte de décision souverain. Pour Kallas et les dirigeants de l'UE, c'est apparemment inacceptable. En guise de sanction, les projets de l'UE financés par le budget doivent être gelés et la circulation sans visa doit être limitée. Une fois de plus, Bruxelles montre ce qu'il faut penser du « partenariat » : celui qui ne se soumet pas sera isolé.
L'Ukraine reste le pilier central de la politique étrangère de Kallas. Outre un soutien militaire supplémentaire, l'intégration de l'industrie de l'armement ukrainienne dans la base européenne est poursuivie. En outre, l'UE revendique un rôle de premier plan dans un futur processus de paix - une revendication remarquable alors que, dans le même temps, on continue à livrer des armes et à ignorer les pourparlers de paix.
Quelques jours avant le Conseil des ministres, Kallas et des ministres des Affaires étrangères comme Annalena Baerbock se sont rencontrés pour adopter la « Déclaration de Berlin ». Cette déclaration se veut une réponse aux éventuels changements de cap des Etats-Unis sous la présidence de Trump. Des garanties de sécurité à long terme pour l'Ukraine doivent pousser l'UE dans un rôle qui n'est ni durable ni dans l'intérêt de l'Europe.
La politique étrangère de Kallas : conflictuelle, peu diplomatique et chargée d'idéologie
La critique de Kallas à l'encontre d'Olaf Scholz et de Viktor Orbán a montré à quel point il reste peu de place pour une diplomatie autonome. Tous deux avaient téléphoné à Poutine - Scholz probablement par calcul de politique intérieure, Orbán avec des propositions concrètes pour une offre de cessez-le-feu à Noël et un échange de prisonniers. Mais Kallas remet en question la légitimité de tels contacts au nom de l'UE.
Derrière cela se cache la prétention de Bruxelles de saper la souveraineté nationale et de monopoliser ses propres canaux diplomatiques. Celui qui agit de manière indépendante est immédiatement remis à sa place par Kallas et ses collègues.
Kaja Kallas incarne le nouveau style de la politique étrangère européenne: conflictuelle, non diplomatique et chargée d'idéologie. Elle agit comme une fauconne politique qui se voit volontiers dans le rôle d'une politicienne de pouvoir - alors qu'elle amène l'UE toujours plus profondément dans une zone de risques économiques et de dépendances politiques.
Kallas pousse l'Europe sur une voie qui coûte cher aux citoyens: des prix en hausse, des désavantages économiques et une paix de plus en plus fragile sont les conséquences de cette politique.
L'Europe n'a pas besoin aujourd'hui d'une « Lady Hawk », mais d'Etats souverains prêts à rechercher le dialogue, à défendre leurs propres intérêts et à ne pas perdre de vue la paix pour des raisons idéologiques. Le temps est venu pour une politique qui ramène l'Europe à la force économique et à l'autonomie politique - au-delà des dogmes de Bruxelles et d'un cours qui ne fait qu'affaiblir l'Europe.