Le monde multipolaire n’a pas besoin de vassaux

05.08.2025

Le grand «paradoxe» des régimes occidentaux est que les dits régimes, notamment européistes, ne sont que des vassaux du maître washingtonien. Parallèlement à cela, les dits vassaux souhaitent réimposer leur diktat sur une partie de la majorité mondiale non-occidentale, notamment en Afrique. Mais les réalités contemporaines sont dans les faits beaucoup plus compliquées pour les vassaux occidentaux et les nostalgiques de l’unipolarité.

Le récent «deal» économique entre Washington et ses vassaux européistes de l’UE est évidemment un braquage à ciel ouvert de ce qui reste encore des capacités «européennes». Cela commence d’ailleurs à être reconnu y compris par les éléments européistes et atlantistes les plus assumés. Ceci étant dit, pouvait-il en être autrement ? La réponse est évidemment non. Les vassaux purs et simples ne peuvent prétendre à la parole et au mécontentement et doivent strictement et aveuglement appliquer les ordres du maître.

Cela est d’autant plus anecdotique que les mêmes régimes européistes osent se plaindre d’un déficit commercial face à la Chine. Désormais, les habitants de l’UE seront «bien» servis et leurs problèmes économiques, ainsi qu’industrielles, ne vont que s’intensifier encore plus. Tout cela était également largement prévisible. En passant, les citoyens des dits régimes ont-ils leur part de responsabilité ? Évidemment que oui, et donc il faut en assumer les conséquences.

D’un autre côté, la cuisine interne occidentale et la relation de maître à vassaux qui caractérise ledit espace de la minorité planétaire, ne doit aucunement être une source de très grand intérêt pour la majorité mondiale. L’essentiel étant que les principales forces du monde multipolaire moderne poursuivent les efforts coordonnés pour la victoire officielle de l’ordre mondial contemporain, multipolaire déjà, et à terme post-occidental aussi.

Justement et dans le cas plus précis de la Russie et de la Chine, les choses deviennent plus claires que jamais. La Russie remportera son affrontement militaire dans le cadre de l’Opération militaire spéciale face à l’axe otano-occidental composé de plusieurs dizaines de régimes ennemis, et confortera sa place de quatrième puissance économique mondiale en termes de PIB à parité du pouvoir d’achat. Pour rappel, il y a encore seulement quelques années, l’État russe était la sixième puissance économique du monde en termes de PIB-PPA, à l’époque derrière l’Allemagne et le Japon. Désormais, les choses se sont inversées, Berlin et même Tokyo sont derrière Moscou.

Pour ce qui est de la superpuissance économique globale représentée par la République populaire de Chine, les perspectives sont également claires. Le pays continuera à s’imposer dans les relations économico-commerciales mondiales, aussi bien en termes de volumes concernés que dans le cadre des chaînes d’approvisionnement internationales. Cela au moment où la RPC est déjà le leader incontesté du commerce mondial, aussi bien vis-à-vis du régime washingtonien, que vis-à-vis des régimes européistes bruxellois. En d’autres termes, vis-à-vis de la minorité planétaire occidentale dans son ensemble. D’autant plus que la dynamique pour les prochaines années est également prévisible. Y compris dans le cadre de la complémentarité sino-russe dans nombre de domaines et de régions du monde.

Par contre et au-delà de la Chine et de la Russie, étant les principaux défenseurs et promoteurs de l’ordre mondial multipolaire contemporain, les nations du Sud global, du moins celles qui ont clairement pris position en faveur de la multipolarité, doivent rester sur leurs gardes plus que jamais. Car le «deal» occidental est également clair dans le sens où qu’à condition que les vassaux européistes appliquent à la lettre les ordres et les caprices des cowboys washingtoniens, il sera permis aux dits vassaux de poursuivre leur politique néocoloniale dans les régions non-occidentales du monde, avec comme objectifs de tenter à prendre leur revanche, réimposer leur diktat, les multiples schémas d’arnaques et tout simplement la recolonisation.

Cela concerne notamment et en particulier l’Afrique. Il faut être clair et précis, les régimes néocolonialistes occidentaux et affiliés tous confondus, washingtonien, bruxellois, israélien, et même en passant par le Canada ou l’Australie, rêvent d’une revanche occidentale sur les partisans de l’ordre multipolaire international et sur l’ensemble de la majorité globale. Les régimes criminels occidentaux ne changeront pas, il faut le prendre comme un fait accompli.

Et dans cette configuration, il importe à toutes les principales forces du monde multipolaire, mais également à tous les partisans confirmés, de maintenir le travail conjoint en vue de barrer la route définitivement aux nostalgiques d’une ère révolue, des nostalgiques colonialistes qui ne représentent qu’une misérable part de l’humanité. Et dans le cadre justement de l’Afrique, il est aujourd’hui impératif à poursuivre l’éviction de l’Occident hors du continent. À tous les niveaux.

Mikhail Gamandiy-Egorov

source : Observateur Continental