La preuve par les vaccins
Après le juin 1940 sanitaire dénoncé par la droite en 2020, un nouveau coup de semonce a troublé l'opinion française en ce début d'année 2021. Non seulement la logistique cafouilleuse du mille feuille administratif imposé à notre système de soins s'empêtrait dans la livraison des doses de vaccins ; mais fait considéré, à juste titre, comme significatif et humiliant, les deux mastodontes de la recherche pharmaceutique de l'Hexagone, Sanofi comme l'Institut Pasteur renonçaient à produire un champion national à égalité avec les concurrents et néanmoins amis américain, anglais, allemand, russe, voire chinois, etc.
Des personnalités aussi différentes que François Bayrou ou Marine Le Pen s'accordaient pour prononcer le mot de déclassement. Seule nation du Conseil de sécurité incapable de faire face par elle-même au défi de la pandémie, la patrie de Pasteur perdait un peu plus son statut de grandes puissances.
Or, ce 3 février comme pour nous consoler de cette réalité, par un aimable et conventionnel cocorico, Le Figaro consacrait un intéressant article à la carrière de deux Français, Pascal Soriot et Stéphane Bancel, respectivement PDG du laboratoire AstraZeneca et PDG et fondateur de la biotech Moderna. Ces deux expatriés se retrouvent ainsi au cœur de la course au vaccin et en première ligne dans la lutte contre le Covid-19.
Moyennant quoi, Le Figaro, un peu plus loin, met des guillemets au mot "déclassement". N'est-ce pas là un piètre ménagement ?
Si la France se révélait une malade incurable, peut-être jugerait-on charitable de bercer d'une chanson douce son irréversible agonie.
Soulignons d'abord qu'il existe encore en France même, et plus précisément en Bretagne, au moins deux entreprises de taille moyenne qui cherchent crânement à répondre à ce défi : Valneva, qui emploie 500 personnes en France et dans le monde, et Ose Immunotherapeutics, société de 50 salariés spécialisée dans le traitement des cancers, sans que les pouvoirs publics de l'État central parisien ne semble disposé à se mobiliser en leur faveur.
Mais la vraie question reste celle de la fuite des cerveaux, de la fuite des créateurs et des entrepreneurs, mal compensée, ou plus exactement aggravée par l'afflux des assistés qu'alimente l'immigration non-contrôlée.
Or deux mots manquent dans l'article cité plus haut : l'égalitarisme et le fiscalisme.
Il semble pourtant évident que ces deux tropismes dominants dans notre pays jouent un rôle essentiel dans le processus que chacun déplore.
Le discours fiscaliste amplifie, à vrai dire, les effets de la recherche de l'Égalité à tout prix puisque l'objectif toujours réaffirmé de la fiscalité est de "réduire les inégalités". Cette folie française va à l'encontre de l'intérêt même de la partie la plus pauvre de la population que l'on pousse vers la misère.
En 2011 l'auteur de ces lignes entreprit de répondre point par point au livre absurde de Piketty "Pour une révolution fiscale". À ce volume de couverture rouge s'opposait une riposte bleue "Pour une libération fiscale [1]... où je me permettais de souligner que l'inégalité est la condition même du Progrès.
Les Français qui ont décidé de développer leurs vaccins à l'étranger le démontrent.
Source : Insolent