« La France est dans une sorte d’assoupissement mental pire que juin 40 »
Philippe de Villiers a accordé au Rouge & Le Noir un long entretien dans lequel il revient sur l’incroyable rapatriement en France de l’anneau de Jeanne d’Arc.
Il espère que ce morceau d’histoire saura réveiller la France chrétienne et inspirer au sein de la nouvelle génération des héros et des saints.
R&N : L’anneau de Sainte Jeanne d’Arc a été rapatrié en France récemment, grâce aux bons soins de la Fondation du Puy du Fou. Comment s’est déroulé ce rapatriement ?
Philippe de Villiers : Le rapatriement s’est déroulé en deux parties. Il y a eu la mise aux enchères à Londres où se trouvaient en présence des compétiteurs américains, japonais, chinois, anglais, ... mais aucune institution française d’ordre spirituel ou d’ordre temporel.
R&N : Comment expliquer cette absence de toute institution française ?
Philippe de Villiers : Je pense que les grandeurs d’établissement ont toujours eu un problème avec Jeanne d’Arc. Je pense qu’il y a ceux qui l’ont livrée, ceux qui l’ont condamnée, ceux qui l’ont brûlée, ceux qui ont tenté de la faire oublier. Et donc aujourd’hui encore Jeanne d’Arc pose un problème. Tout simplement parce qu’elle sort du cadre de ceux qui ne croient qu’au spirituel et du cadre de ceux qui ne croient qu’au temporel ; puisqu’elle est dans l’histoire de France le plus beau et sans doute le seul trait d’union entre le ciel et la terre, ; puisqu’elle est guidée par ses voix. Ceux qui ne croient plus aux voix de Jeanne d’Arc, - et ils sont évidement dans les élites plus que majoritaires - n’ont aucune raison de se déplacer à Londres pour aller racheter ce qui est une relique, ce qui n’est qu’un objet du passé pour ceux qui ne croient plus au patrimoine spirituel et culturel français. D’ailleurs il y a là un signe parce que c’est quelque chose de traumatisant que de savoir que l’acquéreur est le petit Puy du Fou, une association loi 1901 à but non lucratif, sans moyens puisque nous ne sommes pas adossés à une collectivité publique - et encore moins à l’État - et que nous n’avons pas la caisse des dépôts derrière nous comme tous les autres parcs de loisirs, et que nous n’avons pas non plus d’actionnaires derrière nous. Il a fallu trouver 350 000€ et donc nous nous sommes cotisés, et notre fondation, la fondation Puy du Fou Espérance, a mis un peu de moyens. C’est la première étape. On a gagné l’enchère.
Et puis l’anneau est revenu, et la deuxième étape fut la réception de l’anneau dans la cour du château du Puy du Fou, qui a été dessinée par Catherine du Puy du Fou, sur les plans du Primatice, le grand architecte italien. Et là il y a eu la grande cérémonie de dimanche, avec les saint-cyriens, avec la musique de « la Région Terre Nord-Ouest », et tous les Puyfolais. Ce fut une cérémonie émouvante, poignante et marquante.
R&N : Vous avez justement fait cette annonce que les Anglais en réclament le retour ? Est-ce une demande purement administrative ou faut-il y voir une véritable volonté politique ?
Philippe de Villiers : On a la réponse aujourd’hui ; c’est apparemment une question de formalité, mais dans le fond - les Anglais nous l’ont dit carrément, franchement - il s’agit de récupérer l’anneau pour le préempter et l’installer dans une institution muséale anglaise. Donc c’est assez étonnant de voir qu’en France on a parmi les élites, les historiens bourguignons, l’Université, les médias, et beaucoup d’autorités qui disent "non, non, ce n’est pas l’anneau de Jeanne d’Arc". Donc en France on doute, mais en Angleterre, ils veulent récupérer l’anneau de Jeanne. Et c’est d’ailleurs tout à fait intéressant de voir que, depuis dimanche, depuis que j’ai annoncé cela, il n’y a pas une autorité en France qui s’en est émue. Tout le monde s’en fout. Il faut que vos lecteurs sachent que nous ressentons au Puy du Fou une solitude terrible face à tous les assauts qui viennent de tous les cotés.
R&N : Comment expliquez-vous que les Anglais le réclament beaucoup plus alors que la signification est à la fois française et que la signification spirituelle de Jeanne est liée à la France ?
Philippe de Villiers : J’y vois une double signification. D’une part l’Angleterre a su préserver un fil ténu avec son passé, avec son patrimoine. L’Angleterre est une île jalouse de son histoire et qui la protège avec amour. Elle y est d’autant plus sensible qu’elle est devenue un pays multiculturel qui aura à l’avenir les pires problèmes. Et nous, on les aime beaucoup, les Anglais, parce qu’ils nous ont demandé de faire un spectacle à Bishop Auckland avec un ami qui est Jonathan Ruffer, un francophile vraiment passionné ; et donc on connait l’Angleterre de l’intérieur et l’on est très frappés de voir que les jeunes Anglais, que les petits Anglais connaissent très bien Hastings, « la guerre des Deux Roses »... Ils connaissent tout ça par cœur, ils connaissent leur histoire. Et ils savent à quoi correspond l’anneau de Jeanne d’Arc. Ils connaissent la guerre de Cent ans.
Et en face, il y a la France, la France qui s’effondre sur elle-même. Elle est dans une sorte d’assoupissement mental pire que juin 40. Je parle là de la France officielle. Et en même temps il y a une soif remarquable d’histoire tout simplement parce que dans une société mondialisée, déracinée, désaffiliée, désinstituée, les gens meurent de soif. Un pays qui n’a plus de contours n’a plus de conteurs ; un peuple qui n’a plus de légende meurt de froid. C’est cette mort lente du pays qui appelle le sursaut.
R&N : Pensez-vous que promouvoir Jeanne comme vous le faites peut amener à un réveil spirituel du pays ?
Philippe de Villiers : Je vais vous dire une chose. Nous n’avons rien calculé. Nous avons tout fait à l’instinct. Quand Jacques Trémolet de Villers m’a appelé pour me dire « Philippe, il n’y a que le Puy du Fou qui puisse sauver l’anneau de Jeanne », c’était fini, c’était réglé. Dans ces moments là, on ne se pose pas la question de savoir si c’est raisonnable ou non, réfléchi ou non. Les grandes choses se font dans l’instant, à l’instinct, et donc je ne savais pas en prenant cette décision avec Nicolas de Villiers, mon fils, président du Puy du Fou, que cela allait évidement changer le cours des choses pour nous, car c’est une charge symbolique immense et que l’œuvre du Puy du Fou est une œuvre pédagogique - et surtout pas un parc d’attraction dans lequel on ne pense qu’à distraire les gens de l’essentiel - c’est à dire du mystère français. L’œuvre du Puy du Fou trouve là une nouvelle mission en quelque sorte, qui engerbe les autres missions. Il ne s’agit plus seulement d’apprendre et de présenter l’histoire de France, il s’agit d’aller au cœur de l’histoire de France.
Parce que l’anneau de Jeanne d’Arc, qui est au cœur de son procès, c’est le cœur du cœur, c’est le mystère français, c’est le mystère des voix, parce que cet anneau, selon Jeanne, a touché sainte Catherine. Quand elle a eu ses voix, elle avait son anneau, et elle le regardait avant chaque bataille, comme si l’anneau lui donnait du courage ; parce que l’anneau lui donnait du courage. C’est donc un anneau de dévotion. Jesus Maria ça signifie quelque chose, c’est un anneau de dévotion. Pour les Français, pour le peuple français à l’époque, Jeanne d’Arc était une sainte qui allait sauver le royaume ; une jeune bergère qui allait réveiller le royaume et qui avait compris qu’une seule goute d’huile sainte valait mieux que 100 000 lances ; c’est pourquoi elle dit au roi après la victoire d’Orléans : « Je vais vous conduire gentil Dauphin à Reims ». Et donc cette sainte, cette bergère, cette pauvre jeune fille, seule au milieu des hommes et au milieu des élites de son temps qui la jalousent, est considérée par l’Église Catholique de son temps, avec l’évêque Cauchon, avec le cardinal de Winchester, comme une sorcière, et c’est la raison pour laquelle on s’acharne sur son anneau. Pourquoi ? Parce que l’évêque Cauchon dit que c’est dans son anneau qu’elle a mis un sort. On lui dit : « Vous aviez une mandragore ? » Non, je n’avais pas de mandragore. « Alors vous aviez un anneau, vous aviez deux anneaux même ». Un donné par son frère, un donné par son père et sa mère.
Dans cet anneau, elle a mis un sort, pensent-ils. Donc pour les uns, l’anneau a des pouvoirs bénéfiques, pour les autres, des pouvoirs maléfiques. Et c’est cet anneau qui est au cœur du procès ; quand le procès est fini, il est normal que le cardinal de Winchester, qui est le grand organisateur du procès, emporte avec lui les anneaux de Jeanne, non pas seulement comme une sorte de prise de guerre, mais comme une sorte de pièce à conviction, ce que Jacques Trémolet de Villers explique merveilleusement dans son livre « Le procès de Jeanne ».
R&N : Vous aviez écrit justement en 2014 un livre consacré à Jeanne, Jacques Trémolet de Villers vient lui aussi d’en publier un. Pensez-vous que l’on est en train d’assister à une renaissance ou à une suite de l’épopée johannique ? En 2016, quelle signification donnez-vous à cette épopée ?
Philippe de Villiers : Si vous m’aviez interrogé il y a un mois, je vous aurais dit que nos livres ont été des succès mais que l’on ne peut pas dire qu’il y ait un retour vers Jeanne, à part dans quelques milieux épars où la transmission se fait encore, mais ce ne sont que quelques isolats de résistance.
Soudain, il se passe une chose extraordinaire, c’est que depuis que l’anneau est revenu en France, au Puy du Fou, il y a un engouement phénoménal sur cet anneau, y compris des médias. Si certains médias le font pour dauber sur Jeanne et pour ironiser sur l’anneau, emportés par l’exaspération, la plupart des médias accueillent avec bonheur et avec une sorte de candeur poétique ce retour de l’anneau. Parce que ce retour de l’anneau, après 600 ans d’exil, c’est un petit bout de France qui revient, c’est un peu d’espoir, un peu de nos grandeurs déchues.
Je ne savais pas, en écrivant mon livre, que parmi les lucioles qui allaient sortir de la grande catacombe (pour reprendre une phrase de ma conclusion), il y aurait une première luciole qui serait l’anneau de Jeanne. Parce que cet anneau arrive à un moment où la France en a grand besoin. Si l’on croit que Jeanne n’a pas été que le plus grand génie allégorique que l’histoire de France ait jamais déposé dans la littérature française mais aussi ce trait d’union entre le ciel et la terre, alors aujourd’hui, elle peut agir pour la France, elle peut réveiller la France, elle peut notamment réveiller les jeunes générations.
R&N : Votre ouvrage à succès, Le moment est venu de dire ce que j’ai vu, s’achève par une exhortation à la dissidence et la contemplation de "lucioles" éclairant les ténèbres de notre époque. Quelles lucioles pouvons-nous allumer ? Quelles sont les clefs pour qu’émerge véritablement, aujourd’hui, cette génération résistante et dissidente ?
Philippe de Villiers : Je crois que le corps ne réagit que quand il est agressé, et il y actuellement une double agression morale et spirituelle.
La première agression, c’est le laïcisme. On nous explique en gros que pour éviter que nous ayons le muezzin demain, on va faire taire les cloches aujourd’hui. Par exemple, il y a une député socialiste, Sylviane Bulteau, qui a écrit au ministre de la Défense en disant « c’est scandaleux, il y avait au Puy du Fou des cyrards qui ont chanté un chant religieux ». Le chant religieux, c’était Heureux ceux qui sont morts de Charles Péguy. Il y a un journaliste du Nouvel Observateur qui s’appelle François Reynaert qui a dit « ils ont chanté Péguy ». Ce n’est pas laïc, ce n’est pas neutre, ce n’est pas tout ce que vous voulez... Voilà. Donc, au nom du laïcisme, on est en train d’éradiquer toute forme de signe chrétien. Il y a un moment donné où « le petit reste » comme on dit, va se révolter, ce n’est pas possible, et la nouvelle génération des prêtres d’ailleurs - des nouveaux prêtres comme dirait Michel de Saint-Pierre, mais ce n’est pas du tout ceux dont il a parlé - la génération des nouveaux prêtres n’acceptera pas ça longtemps. Donc on ne peut pas accepter le laïcisme en France. Pourquoi ? Parce qu’il faut accorder à la France la prééminence du christianisme sur toute autre religion, parce que la France est historiquement une terre chrétienne.
La deuxième agression, c’est l’islam. L’islamisation est galopante, les hommes politiques l’accompagnent. Lundi, Monsieur Valls a dit, face à la radicalisation, il faut, je cite, “un islam fort”. A chaque fois qu’il y a un attentat, on cherche « les islamophobes » pour les culpabiliser. Il y a un moment donné où les Français n’accepteront plus cela. Et donc l’islamisation de la France va provoquer un phénomène de résistance. On n’y est pas pour l’instant. Tout le monde se terre, tout le monde se tapit. On a peur parce qu’il y a une judiciarisation des pensées et des arrière-pensées, mais le temps va venir où le laïcisme d’un coté et l’islamisation de l’autre vont réveiller la France chrétienne.
R&N : Pensez-vous que ce réveil arrivera avant que les choses n’empirent trop ? Avant qu’il ne soit trop tard ?
Philippe de Villiers : Il n’est jamais trop tard en France. C’est toujours quand il est trop tard que la France se réveille. Et j’en veux pour preuve la situation de Jeanne quand elle a tiré les rois à 12 ans. Elle a entendu son père lui dire : il y a deux papes et il y a trois rois, c’est le désordre partout. Le père disait à ses enfants : c’est la fin. Il ne faut pas oublier qu’il y avait Isabeau de Bavière qui avait vendu le royaume à l’Angleterre avec le fameux traité de Troyes qui est une sorte de traité de Maastricht avant l’heure.
Aujourd’hui, les autorités politiques, spirituelles, morales sont toutes orientées vers « l’Accueil de l’Autre » et le Vivre-Ensemble, c’est à dire en fait la fin de l’Europe, la fin de l’Europe chrétienne. Pour être chrétien aujourd’hui il faut « faire rentrer des migrants ». Ce qui veut dire « faire rentrer l’islam ». Ce sont des inconscients. Ils se trompent. Aujourd’hui, la première des charités, c’est de fixer là où ils sont ceux qui ne doivent pas être des migrants, parce que ce n’est pas faire leur bonheur que de les déraciner. On leur vend du rêve et le rêve se termine par un cauchemar. Parmi les migrants, évidemment, il y a les terroristes dissimulés. Donc la première de toutes les charités, c’est l’enracinement. Et la deuxième charité, c’est de se préoccuper de son voisin, et de se préoccuper de sa famille. Il y a une famille qui est la famille des familles et qui s’appelle la nation. Les chrétiens vont bientôt le redécouvrir, on doit pouvoir être à la fois chrétien et patriote. C’est interdit aujourd’hui par la plupart des évêques et par le pape. Ils sont sur une autre planète mais ils vont bientôt atterrir, parce que cette Europe qu’ils ont construite, l’Europe du Vatican, l’Europe de Jean Monnet et de Robert Schuman, elle est dans le mur. C’est fini. C’est une Europe qui a conduit à l’échec, à la déculturation, à la désintégration des nations et des peuples, et donc il faut construire autre chose maintenant. C’est une Europe qui est complètement soumise aux États-Unis. Le fameux « Traité Transatlantique » à venir est une horreur. Et d’où vient le LGBT ? D’où vient le mariage homosexuel ? C’est Apple, ce sont les grandes firmes américaines, c’est l’américanisation du monde. C’est ça que l’on est en train de vivre. Ouvrons les yeux, c’est ce que je raconte dans mon livre, Le moment est venu de dire ce que j’ai vu, et donc plus que jamais, revenons à notre Jeanne.
Je pense que l’anneau de Jeanne va ouvrir les yeux à beaucoup de Français qui aujourd’hui hélas sont dans le coton. Nous sommes au début d’une guerre, c’est une guerre sur notre territoire, c’est la guerre parce que l’islam nous fait la guerre. Et je ne leur en veux même pas parce que c’est dans le Coran, ils appliquent le Coran, c’est une lecture littérale du Coran. Dans le Coran, il est dit : il y a le Dar-al-islam, où est la paix, c’est à dire là où ils sont, en Orient, où ils éradiquent les derniers lambeaux de christianisme, ce qu’ils appellent les Nazaréens. Et puis il y a le Dar-el-harb, qui est le territoire de la guerre, là où il faut porter le djihad parce que le monde entier doit se soumettre à Allah. C’est dans le Coran. Et ils appliquent le Coran. Et face à des gens qui appliquent le Coran, on a des inconscients et des collabos de toutes sortes, comme toujours, ce que l’on appelle aujourd’hui, ce que les islamistes appellent des dhimmis, et les dhimmis, sont condamnés à la dhimmitude, Houellebecq avait raison, il a sorti son livre, Soumission, le jour des attentats de Charlie Hebdo.
R&N : Alors que vous êtes retiré de la course électorale, votre position politique est néanmoins très forte à droite, où vous êtes écouté. Entre un FN "ni droite-ni gauche" et des Républicains très timorés, une droite orpheline et populaire se presse dans les librairies et à vos conférences. Comptez-vous jouer un rôle de "père spirituel" de cette "droite hors les murs" afin de guider les Français désireux de servir le pays, à l’approche de 2017 et ensuite ?
Philippe de Villiers : Je vais vous dire ce que j’ai vécu : depuis 30 ans j’ai dit des choses, j’ai prévenu, et on s’est moqué de moi. Des braves gens, des bons chrétiens qui m’ont dit « oui mais, quand même, on a Giscard », « oui mais, quand même, Chirac », « oui mais, quand même, Sarkozy », et maintenant ils disent « Fillon ». Ils ne savent pas qui sont ces gens-là. Ils ont cru à Maastricht, ils ont cru au mondialisme, ils ont cru à l’européisme, bon. Et là ils croient encore, ils vont croire à Juppé.
Mon maitre qui était l’abbé Bonnenfant, mon professeur de français, me disait toujours “oh je sais très bien que tu ne m’écoutes pas et que tu n’écoutes pas tes profs ; de toute façon, il n’y a qu’un seul maitre que tu écouteras dans la vie mon petit, c’est « le principe de réalité »”. Je ne savais alors pas ce que ça voulait dire, et j’ai mis du temps à comprendre ce qu’est le principe de réalité. En fait, le pays ne pourra se redresser que lorsque les « gens biens » seront débarrassés de leur candeur
Vous savez, le déracinement déracine tout sauf le besoin d’enracinement. Parce que quand ça va trop loin, il y a un instinct, même pour les animaux il y a un instinct de survie et encore une fois, quand un corps social est agressé, à moins d’être complètement avachi, chloroformé, il réagit. S’il ne réagit plus, effectivement, c’est la mort. Or le corps social français n’est pas mort. Tant que les Français aimeront leur histoire. Vous vous rendez-compte qu’il y a deux millions de Français qui viennent au Puy du Fou chaque année ! Qui l’eût cru ? Qu’est ce qui les attire ? Il n’y a pas de manèges, pas de montagnes russes, on n’y vient pas pour se chatouiller les tripes, ce n’est pas la Disneycratie. René Monory, créateur du Futuroscope, m’avait dit un jour “toi, tu vas te planter avec l’histoire, l’histoire ça emmerde tout le monde, on ne l’enseigne même plus dans les écoles” et je lui avais dit “et toi, tu connais la phrase de Boris Vian ? La mode c’est ce qui démode, tu verras le futur ce que ça donnera”. Les OGM, Fukushima, … on y est. Le futur n’intéresse plus les gens parce que le futur fait peur. On voit bien ce qu’est le futur pour nous. Par contre le passé, le patrimoine, les grandeurs déchues que l’on voudrait retrouver, … C’est ça l’avenir : retrouver un peu de nos espérances pour qu’elles redeviennent nos espérances. Je pense que la France retrouvera son chemin le jour où elle retrouvera son âme. Comme l’Europe. Et le jour où il y a aura des héros et des saints, qui seront des martyrs, pour une nouvelle génération, où chacun saura forger l’anneau de sa mémoire.