Les Malouines seront-elles à nouveau au centre du conflit entre l’Argentine et la Grande-Bretagne ?
L’ancien président argentin Lionel Fernández, lors de sa visite à Poutine, lui a offert la possibilité d’être «la porte d’entrée vers l’Amérique latine» et, lors de sa rencontre avec Xi Jinping, a confirmé l’adhésion de l’Argentine au projet de la Ceinture et de la Route de la Soie, ce qui pourrait représenter un montant faramineux de 24 milliards $ d’investissements pour l’Argentine et la fin de son pivot dans l’orbite des États-Unis.
Cela a déclenché l’alarme au sein de l’administration Biden qui s’est inquiétée de la présence croissante de la Chine et de la Russie dans le pays et notamment de la possibilité que la Chine installe une base militaire commune avec l’Argentine à Ushuaia en échange d’un soutien financier chinois pour installer un gigantesque pôle logistique dans la province de Terre de Feu.
Après avoir été élu président, Milei1 a annoncé une «nouvelle doctrine de politique étrangère de l’Argentine basée sur une relation spéciale avec les États-Unis» après avoir rencontré la chef du Commandement Sud des États-Unis, la générale Laura Richardson, pour discuter de l’installation d’une base commune américano-argentine à Ushuaia qui contrôlera le trafic de méga conteneurs à travers la passe de Drake.
Ceci, couplé à l’installation future d’une base pseudo-scientifique britannique dans les îles Shetland du Sud, assurera le contrôle maritime de l’axe anglo-américain d’une route qui sera l’alternative au canal de Panama. Cependant, les Malouines pourraient être le cygne noir de Milei, après ses affirmations optimistes dans lesquelles il n’excluait pas «de parvenir à un accord à long terme avec la Grande-Bretagne similaire à celui de Hong-Kong impliquant le retour des Malouines au pays», l’apparition d’immenses réserves de pétrole à Sea Lion serait un missile sur la ligne de flottaison géopolitique de Milei.
Ainsi, selon le journal anglais The Telegraph, «les autorités locales britanniques des îles Malvinas envisagent d’organiser une consultation populaire pour extraire 500 millions de barils de pétrole dans un puits situé à 240 kilomètres au nord de Port Argentino, à Sea Lion. Le forage et l’exploitation seraient effectuées par la société israélienne Navitas Petroleum, qui prévoit d’extraire 300 millions de barils au cours des 30 prochaines années, ce qui écarterait la possibilité d’un co-gouvernement anglo-argentin sur les îles contestées».
Milei est conscient que s’il se positionne loin de l’espace acceptable pour la société argentine et que ses décisions ne parviennent pas à déplacer le curseur vers son intérêt, le cadre pourrait finir par se briser. À ce stade, il ne serait pas exclu que Milei prenne le drapeau de la revendication historique des îles argentines et rétablisse ainsi l’ancien cadre accepté par la grande majorité de la population argentine, décision qui pourrait cependant déclencher une nouvelle guerre avec la Grande-Bretagne à l’horizon du prochain quinquennat.
1. En Argentine, «bien qu’il n’y ait pas de tradition politique d’extrême droite, (…) il est clair que Javier Milei s’inscrit dans cette ligne pour plusieurs raisons», explique Maricel Rodriguez Blanco, sociologue, maîtresse de conférences en sociologie à l’Institut Catholique de Paris. «D’une part, le peu d’attachement démocratique dont il a témoigné depuis le début de son arrivée au pouvoir, à commencer par un certain nombre de décrets qu’il a mis en place (…) avec une brutalité et une radicalité qui a largement dépassé les prédécesseurs». Elle ajoute : «Ce qui est le plus important concernant la caractérisation d’extrême droite du gouvernement de Milei, c’est le fait qu’il ait, depuis le début, détricoté tous les droits sociaux, y compris les droits humains».
source : Algora Blog via La Cause du Peuple