TENSIONS AU PS ENTRE LE BURKINI ET LA PRIMAIRE

Vendredi, 26 août, 2016 - 13:30

C’est la confusion la plus totale au Parti Socialiste. Si au cours de son mandat, le président Hollande a su rassembler sa famille politique autour de sujets de société comme le mariage homosexuel, aujourd’hui le PS ne peut même plus compter sur les polémiques alimentées par l’opposition pour faire front commun. En témoigne la cacophonie qui entoure le débat autour du burkini, le fameux maillot de bain prétendument islamique. Sujet devenu national malgré son caractère anecdotique, la question de ce vêtement divise dans les rangs de la gauche. Une gauche toujours tiraillée entre féminisme et clientélisme électoral auprès des musulmans. En effet, un communiqué de Parti Socialiste a dénoncé “une dérive particulièrement dangereuse” concernant l’intervention de la police pour verbaliser les femmes portant cette tenue…

Une position qui n’est pas du goût de l’ancienne élue socialiste au Conseil régional d’Ile-de-France, Céline Pina, qui y voit la montée progressive du salafisme. Cacophonie également au sein même du gouvernement. Quand le 1er ministre annonce qu’il soutient les maires interdisant cette tenue, son ministre de l’Education nationale, la franco-marocaine Najat Vallaud-Belkacem, condamne la prolifération de ces arrêtés.

Ces polémiques se jouent sur fond de guerre interne avec l’organisation de la primaire de la gauche à laquelle doit se soumettre le président en exercice. L’arrivée du très médiatique candidat Arnaud Montebourg dans la course n’a pas de quoi rassurer les proches de François Hollande. Si l’ensemble des candidats étiquetés à la gauche du PS se rassemblaient, ils pourraient même dépasser le locataire de l’Elysée et prendre ensuite les rênes du Parti Socialiste. Mais que l’on ne s’y trompe pas, si François Hollande gouverne mal, il se défend bien et ses équipes manœuvrent depuis plusieurs mois pour sa réélection.

Défait dans tous les scrutins depuis la législative de 2012, le parti qui s’était fait une véritable machine à gagner les élections locales depuis 2002, a perdu de sa superbe. En 2012, le PS détenait 60 % des départements, les 2/3 des villes et le Sénat… En 2014, les socialistes ont perdu 162 villes de plus de 9 000 habitants, 60 % des départements et le Sénat. L’exercice du pouvoir national a même largement dispersé les effectifs dans les fédérations, la seule région Nord a vu la moitié de ses militants quitter le navire. Le cœur du pouvoir socialiste se situe donc à présent au niveau de l’Etat central.

C’est pourquoi tout n’est pas joué et François Hollande pourrait bien l’emporter à la faveur des divisions internes et entretenir ses chances pour 2017. Pour cela, il peut compter sur le soutien indéfectible du premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis mais aussi de ralliement probables comme ceux de Nicolas Hulot et Emmanuel Macron ainsi que d’une partie des écologistes puisqu’il a nommé 3 d’entre eux à des ministères en janvier. Reste à voir si le président pourra aussi compter sur son premier ministre Manuel Valls et si la droite sortira suffisamment divisée de sa primaire, auquel cas, avec un score élevé du Front National, tout restera possible pour l’impopulaire président.