Rugy rencontre son homologue ukrainien, accusé d'accointances avec les néonazis

Mardi, 12 juin, 2018 - 09:04

LE SCAN POLITIQUE - Le président de l'Assemblée nationale, tout comme celui du Sénat, Gérard Larcher, ont maintenu dans leur agenda la réception du président du Parlement ukrainien Andry Parouby malgré ses racines politiques sulfureuses.

On ne choisit pas ses homologues. Ce lundi après-midi, les présidents des deux chambres législatives françaises, François de Rugy et Gérard Larcher, vont recevoir Andry Parouby, qui préside la Rada, Parlement monocaméral d'Ukraine. Problème, ce haut dignitaire, deuxième personnage de l'État dans l'ordre protocolaire ukrainien, est également le cofondateur du Parti social-nationaliste. Aujourd'hui intitulé Svoboda («Liberté»), ce mouvement d'extrême droite comporte des franges néonazies.

Un détail que n'a pas manqué de relever La France insoumise. Sur Twitter, Jean-Luc Mélenchon et son bras-droit Alexis Corbière ont dénoncé la présence à venir de «ce violent xénophobe» à l'hôtel de Lassay. «De Rugy reçoit solennellement le néonazi antisémite ukrainien Svoboda! Voilà où mène l'atlantisme forcené», a écrit le chef de file de la gauche radicale. Une allusion aux actions répressives menées par le mouvement d'extrême droite, notamment en 2011 lorsqu'il protestait contre l'arrivée en Ukraine de juifs ultra-orthodoxes pour un pèlerinage.

 

De Rugy assume

Andry Parouby n'est plus membre de Svoboda depuis la révolution orange de 2004. En 2007, il a été élu à la Rada sous les couleurs de la coalition Notre Ukraine, au logiciel plus libéral et pro-européen. Il est réélu cinq ans plus tard sur une liste de «Patrie», parti conservateur dirigé par l'ex-premier ministre Ioulia Tymochenko. Après les événements de la place Maïdan, Andry Parouby a supervisé les opérations «antiterroristes» visant les séparatistes pro-russes du Donbass, avant d'être élu président du Parlement ukrainien en 2016.

Dès dimanche, François de Rugy a choisi d'assumer cette visite et de la maintenir à l'agenda. Répondant à une attaque sur Twitter, le président du palais Bourbon a jugé «normal» de recevoir «un homologue, élu à l'issue d'élections libres». «La diplomatie parlementaire, c'est parler à tous les acteurs d'une crise: je vais ainsi reprendre les contacts avec la Douma de Russie interrompus depuis plusieurs années», a-t-il ajouté, annonçant implicitement une future rencontre avec Viatcheslav Volodine, président du Parlement russe et farouche soutien de Vladimir Poutine.

 

Source : Le Figaro