Manifestation de Charlottesville : une manipulation de l’Histoire
Le 12 août dernier s’est déroulé à Charlottesville, petite ville tranquille de l’État de Virginie (États-Unis), une double manifestation marquée par de nombreuses violences ayant entraîné la mort d’un manifestant et une polémique médiatique d’ampleur internationale à l’encontre du président Donald Trump et plus largement, sur la mémoire et l’histoire.
En ce 12 août 2017, une manifestation dénommée « Unite the Right » était organisée par plusieurs mouvements de droite alternative américaine afin de protester contre le retrait (à la demande d’organisations de Gauche et suprémacistes noires) de la statue du général Robert Lee, commandant en chef des armées confédérées durant la Guerre de Sécession américaine et figure unanimement respectée et admirée.
La manifestation de la Droite alternative, autorisée par les autorités municipales et de l’État de Virginie, a été la cible d’une contre-manifestation d’organisations « antifascistes » qui a tourné à la confrontation. Au plus fort des affrontements, un jeune homme de vingt ans, appartenant à la mouvance de la Droite alternative, a foncé dans la foule des contre-manifestants avec sa voiture, tuant une militante antifasciste et en blessant 17 autres.
Aussitôt, les médias mainstream américains et internationaux ont dénoncé le retour de la haine et du racisme aux États-Unis, avant de violemment critiquer la déclaration de Donald Trump, renvoyant dos à dos les extrémistes des deux camps. Le président américain a été accusé de couvrir les exactions des quelques militants du Ku Klux Klan et d’organisations suprémacistes blanches présents au milieu de la manifestation de la Droite alternative.
Ce parti pris relève de la manipulation, ainsi que plusieurs médias de ré-information l’ont déjà indiqué. En effet, il convient de revenir sur l’objet de la manifestation organisée par la Droite alternative, à savoir la volonté de préserver la statue du général Lee érigée depuis plus d’un siècle dans un parc de Charlottesville et que l’actuelle municipalité a décidé de déboulonner sous la pression des associations antifascistes.
Afin de mieux comprendre la motivation des défenseurs de la mémoire du général Lee, il nous faut rappeler le parcours et la personnalité de ce héros du Sud et des États-Unis tout entier. En effet, les médias mainstream ont largement occulté le général Lee du récit qu’ils ont fait des événements, et pour cause…
Le général Robert Lee (1807-1870) est le fils de Henry Lee troisième du nom, officier dans l’état-major de l’armée américaine au moment de la Guerre d’Indépendance (1775-1783).
La famille Lee est implantée en Virginie depuis le début du XVIIIème siècle.
Élève de l’académie militaire de West-Point, Robert Lee devient officier de cavalerie, et participe à la guerre contre le Mexique (1846-1848). Brillant officier, il prend la direction de West-Point en 1852 avant d’être nommé à la tête d’un régiment de cavalerie au Texas.
Peu avant la guerre de Sécession, en 1857, il hérite de la plantation de son beau-père (descendant direct de Georges Washington 1er Président des États-Unis) et des 196 esclaves de la propriété. Bien que sudiste, Robert Lee décide d’affranchir l’ensemble des esclaves du domaine sur une période de 5 ans afin de respecter la volonté testamentaire de son beau-père.
Lorsque la sécession des États du Sud est proclamée entre décembre 1860 et avril 1861, Robert Lee sert toujours dans l’armée américaine. Opposé à l’idée de sécession et très critique vis-à-vis de l’esclavage, qu’il considère comme un fléau moral et un handicap économique, Robert Lee rejoint le camp confédéré lorsque son État natal, la Virginie fait sécession à son tour. Devenu conseiller militaire du président confédéré Jefferson Davis, il prend le commandement de la principale armée confédérée au début de l’année 1862. Il va d’abord tenir tête, souvent victorieusement, à des armées de plus en plus nombreuses et équipées enchaînant les victoires jusqu’en 1864. Progressivement submergé par le nombre, il signe la capitulation du Sud à Appomatox le 9 avril 1865 mettant ainsi fin à la guerre la plus meurtrière de toute l’histoire américaine (pour mémoire, la Guerre de Sécession a fait 620 000 morts en quatre ans soit plus que l’ensemble des morts de toutes les autres conflits auxquels les États-Unis ont participé - Guerres mondiales incluses).
Après la guerre, le général Lee est devenu un véritable héros auprès de l’ensemble de la population du Sud. Représentant parfait de l’idéal chevaleresque et aristocratique de la société sudiste d’avant la guerre, le général Lee a œuvré dans les dernières années de sa vie à la réconciliation nationale entre le Nord et le Sud, tout en prenant la défense de la population civile du Sud, victime des brimades et de l’occupation militaire des troupes du Nord. Refusant de rejoindre le Ku Klux Klan, société secrète fondée en 1865 par d’anciens officiers confédérés pour maintenir la primauté de la communauté blanche du Sud et protéger les civils blancs par tous les moyens, y compris la violence et l’intimidation ; le général Lee est demeuré jusqu’au bout l’exemple du gentleman du Sud.
Décédé en 1870, le général Lee est totalement réhabilité en 1888 et recouvre à titre posthume la totalité de ses droits (confisqués après la défaite). Cette réhabilitation a été confirmée en 1975, par une motion votée à l’unanimité des Sénateurs et à la quasi-unanimité des membres de la Chambre des Représentants rendant au général Lee sa citoyenneté américaine.
Pour conclure ce portrait de l’une des plus célèbres figures de l’histoire américaine, il convient de citer l’éloge funèbre du général Lee, prononcée par le sénateur de Géorgie Benjamin Harvey Hill en 1874 : « Robert Lee était un ennemi sans haine, un ami sans trahison, un soldat sans cruauté, un vainqueur sans oppression, et une victime sans murmure. Il était un officier public sans vices, un citoyen sans mal, un voisin sans reproche, un chrétien sans hypocrisie, et un homme sans ruse. Il était un César sans son ambition, un Frédéric sans sa tyrannie, un Napoléon sans son égoïsme et un Georges Washington sans sa récompense ».
C’est donc la statue d’un tel homme, décédé il y a 147 ans, que veulent aujourd’hui déboulonner les antifascistes et prétendus antiracistes. En réalité, ils veulent mettre à bas l’histoire américaine en s’attaquant à l’une de ses figures les plus hautes.
Cette volonté de rouvrir les plaies du passé, en pointant du doigt le racisme supposé de la société américaine vise en fait à détruire l’unité de la nation, conquise au prix du plus violent conflit de son histoire. En attaquant la mémoire du général Lee, c’est toute l’Amérique blanche qui est attaquée et sommée de s’excuser pour l’esclavage et la ségrégation raciale qui a sévi dans le pays jusqu’aux années 1960.
En ouvrant la boîte de pandore de la repentance, les gauchistes avec la complaisance des médias mainstream risquent de disloquer les États-Unis plus que jamais en proie au communautarisme. En effet les fondateurs de la nation américaine que sont Thomas Jefferson et Georges Washington étaient aussi des propriétaires d’esclaves. Devra-t-on déboulonner leurs statues et effacer leurs mémoires, voire débaptiser la capitale fédérale pour complaire aux ennemis des nations et des peuples ?