L’UE ne peut pas se passer des hydrocarbures russes

28.02.2022

Force est de constater que les stratèges occidentaux, sont en train de mener une mauvaise politique contre la Russie car l’UE ne peut pas se passer des hydrocarbures russes. Un rapport du Sénat indiquait déjà concernant les perspectives à partir de 2020 que «la Russie est aujourd’hui le premier fournisseur d’hydrocarbures de l’UE». 

Premier fournisseur d’hydrocarbures de l’UE. Le rapport d’information n° 307 (2006-2007) d’ Yves Pozzo di Borgo, fait au nom de la délégation pour l’UE, déposé en mai 2007 auprès du Sénat, affirmait déjà que l’UE ne peut pas se passer des hydrocarbures russes. Les experts précisaient à cette époque: «La Russie est, en effet, le premier fournisseur de gaz naturel des 27 (avec 40 % des importations, ce qui représente 19 % de la consommation totale de gaz de l’UE) et le deuxième fournisseur de pétrole (avec 20 % des importations et 16 % de la consommation totale)».  Plus loin, ce rapport informe que «la dépendance énergétique à l’égard de la Russie varie cependant fortement entre les pays», car «si de nombreux pays d’Europe centrale ou orientale dépendent entièrement de la Russie pour leur approvisionnement en gaz, comme la Slovaquie ou les Pays Baltes, la part du gaz russe est [pour 2007] de 80 % en Pologne, 65 % en Autriche, 37 % en Allemagne et en Italie et 24 % en France».

Pour 2022, Raphaël Homayoun Boroumand, docteur en économie et spécialiste de l’énergie, soulignant que «Moscou représente 40 % [en 2022] des importations du gaz de l’UE, loin devant la Norvège (18 %) ou l’Algérie (12 %), indique que «le gaz russe [en 2022] représente 55 % des importations de l’Allemagne, 80 % de celles de l’Autriche contre moins de 20 % pour la France». La dépendance au gaz russe depuis 2007 a, donc, très fortement évolué au désavantage de pays de la zone euro. C’était, d’ailleurs, le constat en guise d’avertissement du rapport du Sénat: «Cette dépendance énergétique de l’UE vis-à-vis de la Russie devrait fortement s’accroître dans les prochaines années. La Commission européenne estime [en date de 2007] que, d’ici vingt ou trente ans [2027-2037], 70 % des besoins énergétiques de l’UE devront être assurés par les importations, contre 50 % aujourd’hui». Cette dépendance avait été signalée aux autorités françaises et européennes: «C’est surtout la dépendance en matière de gaz qui devrait augmenter dans les prochaines décennies, compte tenu de la hausse de la consommation dans l’UE et de l’épuisement du gisement gazier en Mer du Nord». Selon l’Agence internationale de l’énergie, la demande européenne de gaz devait augmenter de 50 % d’ici 2020 et, selon le ministère russe de l’énergie, la Russie pourrait fournir 70 % du gaz importé par les pays européens (contre 40 % aujourd’hui).

20 Minutes note, citant Hugues Poissonnier, professeur d’économie et de stratégie à l’Université de Grenoble, relate que «le gaz naturel est très rare en Europe et si les 27 veulent maintenir leurs objectifs climatiques, ils ne peuvent pas utiliser les méthodes d’extraction les plus polluantes comme le gaz de schiste». Le quotidien français pointe un avantage russe sur l’UE, car c’est «une dépendance dont Moscou pourrait bien se servir», surtout que «l’Europe vient de commencer ses sanctions économiques contre la Russie, notamment en suspendant l’autorisation du gazoduc Nord Stream 2 reliant la Russie à l’Allemagne». 20 Minutes oublie de dire que cette dépendance avait été, au moins, signalé déjà en 2007 par les experts européens.

La Russie en construisant Nord Stream 2 répondait, justement à la demande de l’UE en gaz, pour en éviter des ruptures et des difficultés pour les populations européennes. Observateur Continental avait averti que les décisions menées et prises par les Grünen et la politique, vantant l’emploi des énergies alternatives, amènent les pays de l’UE dans une crise historique énergétique. Les experts français, européens, russes, mais aussi américains, le savaient. C’est pour cela qu’Emmanuel Macron a décidé, bien tardivement, de reprendre le contrôle énergétique de la France en relançant le nucléaire. Il semble que cette crise énergétique en UE serve surtout les intérêts des Etats-Unis. Observateur Continental a, aussi, évoqué le projet de l’Otan qui prévoit de construire un gazoduc entre l’Espagne et l’Allemagne pour contrarier Moscou. Observateur Continental mettait, d’ailleurs, en garde contre les Etats-Unis en avertissant que le gouvernement américain est indigne de confiance, même pour les alliés puisqu’ils ont notifié la Grèce, Chypre et Israël qu’ils ne soutenaient plus le projet de construction du gazoduc de la Méditerranée orientale (EastMed).

Olivier Renault

Source : Mondialisation.ca

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