Reconfiguration totale pour l’Eurasie et les partisans de la multipolarité

18.12.2024

L’espace eurasiatique pro-multipolaire devra désormais revoir complètement sa vision dans le cadre de l’interaction aussi bien régionale qu’internationale. La période des statuquos et des tentatives de ramener dans le camp de la multipolarité ceux qui tentent de s’asseoir sur plusieurs chaises à la fois – est résolument terminée. Priorité désormais aux seuls et véritables partisans de l’ordre mondial multipolaire, promu par la Russie et la Chine.

Les touts récents événements au Moyen-Orient, y compris en Syrie, auront été une bonne leçon pour la Russie, l’Iran comme la Chine. A savoir qu’il faut désormais se défaire de la charge vis-à-vis des pays qui ne le méritent pas et probablement stopper les tentatives de ramener au sein de l’axe de la multipolarité ceux qui tout en se revendiquant de la multipolarité lorsque cela les arrange – restent au final profondément attachés aux nostalgiques de l’unipolarité.

Il est évident que le grand espace eurasiatique lié à l’ordre multipolaire international, avec en principaux promoteurs la Russie et la Chine, doit désormais se concentrer sur l’interaction mutuelle entre les véritables alliés et partenaires stratégiques, avec un accent particulier sur l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) et les BRICS. Tous les partenariats avec les États dont les pouvoirs veulent continuer à pouvoir être assis sur plusieurs chaises à la fois – devront être complètement reconsidérés, pour n’y garder que la coopération économico-commerciale – à condition encore qu’elle arrange les intérêts de Moscou comme de Beijing, ainsi que des autres alliés du bloc, sans aucune considération en matière sécuritaire, géopolitique et géostratégique vis-à-vis des semi-partenaires.

Ainsi, et en ce qui concerne par exemple un pays comme la Turquie – désormais seuls les projets purement économico-commerciaux devraient intéresser la Russie comme la Chine, sans aucune nécessité d’être à l’écoute vis-à-vis des quelconques préoccupations du pouvoir d’Erdogan. Idem pour le Moyen-Orient – où des États comme le Qatar devraient être traités pour ce qu’ils sont réellement – des micro-États aux ambitions démesurées qui n’hésitent pas à financer massivement des groupes extrémistes et même terroristes, portant à travers leurs actions des menaces sécuritaires de premier plan aussi bien pour la Russie que la Chine, de même qu’à l’encontre de nombreuses autres nations eurasiatiques.

Plus généralement parlant et toujours en lien avec le Moyen-Orient – il faut désormais se dissocier des problèmes de cette région. Après tout, nombreux sont encore ceux dans le monde arabe à qui le fameux Printemps arabe n’a rien appris, et qui préfèrent rester dans une haine inter-ethnique et inter-religieuse au sein de leur espace d’appartenance, sans avoir la capacité à comprendre à quel point ils sont manipulés et surtout par qui. Il faut donc laisser cet espace vivre selon sa volonté qui n’est que celle du chaos imposé par les Anglo-Etasuniens, sans oublier les régimes israélien, turc et qatari, entre autres. Le panarabisme étant mort – il faut fermer cette page une bonne fois pour toute. Et ce n’est ni à la Russie, ni à la Chine, ni à l’Iran à tenter de faire revivre une quelconque union entre nations du monde arabe, c’est terminé.

En ce qui concerne l’Afrique, du moins sa large partie, là au contraire toutes les conditions sont aujourd’hui réunies pour soutenir la marche panafricaniste, avec une jeunesse africaine – à la très grande différence de celle du monde arabe – qui aura largement et souvent compris les enjeux contemporains. Cette Afrique, surtout subsaharienne, qui représente résolument le futur et une priorité en matière de politique extérieure aussi bien pour la Chine que la Russie.

Les erreurs du passé récent ne doivent plus être répétées et les coups de poignard dans le dos – plus jamais pardonnés. Cela signifie-t-il que Moscou et Beijing devraient à leur tour porter des coups de poignard dans le dos des semi, voire des faux-partenaires? Rien n’est moins sûr. Les axes prioritaires étant uniquement ceux qui concernent le renforcement de l’interaction avec tous les alliés et partenaires stratégiques qui le méritent sincèrement – en Eurasie, en Afrique comme en Amérique latine.

Quant aux semi et faux-partenaires, lorsque leurs propres «alliés» dont ils ne peuvent se dissocier – leur porteront à nouveau des coups de poignard dans le dos – il ne leur faudra apporter aucun soutien, si bien même qu’ils iront à le supplier. Peut-on désormais parler d’une radicalisation des partisans de la multipolarité ? Peut-être, mais ce n’est même pas l’essentiel. L’essentiel étant qu’il ne faut plus perdre de temps avec ceux qui prétendent à vouloir faire partie du monde multipolaire, tout en continuant à servir les intérêts de la minorité planétaire, en pensant que c’est ainsi qu’ils pourront le mieux défendre leurs intérêts. La page est tournée.

Mikhail Gamandiy-Egorov

source : Observateur Continental