Pandémie, gouvernance et tragédie
Nous vivons en France sous des mesures sanitaires tout à fait inédites, particulièrement erratiques voire incohérentes. Une même fièvre, métaphoriquement parlant, s’est emparée de toute l’Europe, Suède exceptée semble-t-il.
Toutefois, nous nous en tiendrons ici à notre situation française qui est tout-à-fait emblématique. Car, si l’on veut bien y réfléchir, nous souffrons du syndrome anti–tragique de Malik Oussekine (1986) et de Rémi Fraisse (2015). Dans un cas comme dans l’autre, nous n’avons pas eu un ministre de l’Intérieur ou un chef de gouvernement courageux et, par le fait, digne de ses fonctions régaliennes essentielles ; dans un cas comme dans l’autre, nous n’avons pas eu un ministre ou un chef de gouvernement pour dire rudement qu’il ne pouvait pas garantir zéro mort chez des émeutiers…
Comme si quiconque pouvait échapper à la mort, alors que la vie est la maladie sexuellement transmissible mortelle par nature ! Aussi, une société ainsi gouvernée et maternée n’est-elle plus en mesure de faire face à une épidémie, à un grand cataclysme ou à une guerre.
Épidémie et panique dictatoriale
Dans l’impossibilité de pallier la létalité, au demeurant extrêmement limitée de la Covid-19, nos gouvernants sont allés au-delà des mesures d’hygiène raisonnables, savoir les fameux gestes barrières. La comédie des masques, interdits avant d’être généralisés à l’excès, est l’une des palinodies qui ont érodé la confiance de la population. La fermeture pendant les confinements des petits commerces « non essentiels » en est un cas caricatural. N’est-il pas plus dangereux de faire ses courses dans un supermarché où les flux ne sont pas maîtrisés et où les poignées des caddies ne sont même pas désinfectées ?
Maintenant, le gouvernement a reculé devant son projet de loi sur l’urgence sanitaire qui prévoyait la possibilité pour un gouvernement de conditionner certaines activités à l’administration d’un vaccin. Et pour cause, c’était là une maladresse puisque cela correspondrait à une obligation vaccinale dont le président Macron venait de dire « en même temps » qu’il n’en était pas question ! Au surplus, il faudrait d’abord reconquérir la confiance de la population, en toute transparence, quant à l’efficacité et, surtout à innocuité des vaccins Pfizer[i] et Moderna à ARN messager…
Mais sur le fond, nous ne pouvons pas considérer qu’une obligation vaccinale serait un scandale si elle permettait d’enrayer la propagation d’un virus. On n’arrête pas la peste avec l’ « État de droit » et de sottes « libertés fondamentales » ! Qui a le pouvoir, au nom de l’intérêt général, doit être capable de l’assumer.
Dictature sanitaire et hybris
Mais tout cela n’a pas empêché le Président Macron et son gouvernement de pieds-nicklés, d’établir une dictature sanitaire particulièrement pesante, appliquée par une bureaucratie obèse. Nos dirigeants s’agitent éperdument, révélant des sentiments où se mêlent la démesure passionnelle (hybris) du pouvoir arbitraire illimité sur les populations et la peur d’être poursuivis, comme des voleurs de poules, devant la pernicieuse Cour de justice de la République (créée en 1993).
Mais revenons en Suède… Le gouvernement de ce pays semble être le seul qui présente une politique cohérente, sans confinement ni arrêt de l’économie, politique qui, sur les deux vagues de la Covid-19 n’aura pas induit plus de morts proportionnellement qu’en France.
En effet, tout cela devient absurde si l’on se met en tête que cette pandémie n’est pas une grippe saisonnière, mais probablement une maladie qui rôdera chez nous pendant des années… Et alors, nous nous serons suicidés (économiquement et socialement)… par peur de la mort !
Il serait temps, comme nos ancêtres, d’apprendre à vivre de nouveau avec le tragique… et d’abandonner le mythe du lâche, le mythe du zéro mort.
Eric Delcroix
Source : Polemia