Présidentielle aux États-Unis : aucun espoir de paix pour les Palestiniens

Au cours des dernières semaines, la course à la Maison-Blanche pour le poste exalté de Président des États-Unis d’Amérique a été dominée par le candidat républicain Donald Trump.

Son plan loufoque consistant à bannir les musulmans des USA a été universellement condamné. Cela étant, l’annonce qu’il allait visiter la mosquée al-Aqsa en Jérusalem occupée au cours d’une possible visite en Israël, était tout aussi insensible et choquante.

Une rencontre avec le Premier ministre Benjamin Nétanyahou est prévue au cours du voyage, a-t-il déclaré. Le chef du Likoud a affirmé qu’il « rejetait » le projet de Trump de bannir les musulmans des États-Unis, mais il n’a pas annulé la rencontre. Le président israélien Reuven Rivlin a pour sa part implicitement réprimandé le principal candidat républicain, déclarant « Nous ne sommes pas en guerre avec l’Islam. »

Depuis, Trump a reporté sa visite « jusqu’à qu’il soit élu Président » et prétend « qu’il ne voulait pas le(Nétanyahou) mettre dans l’embarras ». Après tout, Trump avait soutenu la réélection de Nétanyahou plus tôt cette année.

Le magnat milliardaire de l’immobilier « doute que les Israéliens ou les Palestiniens veulent la paix » et a même pensé qu’ « Israël ne voulait pas d’un accord et je le comprends et suis d’accord avec ça ». Il est aussi un chaud partisan de l’État sioniste. Comme le Times of Israel l’a décrit : « Quand il s’agit des liens avec les Juifs, aucun des candidats du GOP (Parti Républicain) ne fait mieux que Trump. » Il a mené la 40ème parade annuelle « Salut à Israël » à Manhattan en 2004 et déclaré : « Nous aimons Israël, nous nous battrons pour Israël à 100 pour cent, à mille pour cent. Il sera là pour toujours. »

Les rivaux républicains de Trump ne sont pas loin derrière dans leur soutien à Israël. Un important rival, Bill Carson, s’est récemment adressé au « Forum présidentiel de la Coalition juive ». L’intérêt principal s’est concentré surtout sur sa prononciation du mot « Hamas » que sur son indéfectible soutien à Israël. Carson avait lu ses notes bien qu’il se soit vanté d’ « être un orateur spontané ». Il avait lu le texte, expliqua-t-il, « pour être sûr de n’oublier aucun de mes thèmes aujourd’hui ». On peut supposer qu’il s’inquiétait de ne pas offenser son important public s’il ne montrait pas suffisamment d’enthousiasme pour Israël dans sa spontanéité habituelle.

Quand il est entré dans la course à la présidence, Jeb Bush, un autre candidat républicain, a déclaré : « Je vais rétablir nos essentielles amitiés, qui commencent par une présence aux côtés du brave et démocratique Etat d’Israël. » S’adressant à la Coalition juive républicaine récemment, Bush a promis de déménager l’ambassade US à Jérusalem, « le jour J » de sa présidence et d’ « inciter le ministère de la Justice à sévir contre le mouvement BDS contre Israël ». L’idée d’installer l’ambassade à Jérusalem n’a jamais été mise en œuvre par aucun président américain, compte tenu de son statut selon la loi internationale, de ville sous occupation.

Ted Cruz est encore un autre candidat républicain à l’élection présidentielle. Il a suggéré que les Etats-Unis « cessent de donner des leçons à Israël » et a carrément blâmé les Palestiniens pour l’échec des négociations de paix. Il a même réclamé la démission du Secrétaire d’État Kerry pour avoir suggéré qu’Israël pourrait devenir un État d’apartheid.

En attendant, Marco Rubio est lui aussi un partisan d’Israël depuis longtemps. Il a promis que la politique étrangère de son gouvernement « serait menée en tenant compte que la défense d’Israël, comme la défense d’autres alliés démocratiques, est une forme d’auto-défense américaine ». Il a prétendu que c’était une idée avec laquelle le gouvernement d’Obama était en clair désaccord. « Quand le gouvernement a faussement suggéré, par exemple, qu’Israël utilisait une force excessive pour répondre à une vague d’attaques terroristes, il a sapé la légitimité du combat de l’Amérique contre la terreur. »

Pas un seul candidat républicain à la présidentielle, y compris ceux cités plus haut, n’a voulu reconnaître le fait qu’Israël occupe le territoire palestinien illégalement et que c’est la cause première du conflit actuel.

 

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Avec la candidate Clinton (comme avec les autres...) le lobby sioniste aux États-Unis a de beaux jours devant lui

 

La situation du parti démocrate n’est guère meilleure. La tête de liste et ancienne secrétaire d’État Hillary Clinton s’est récemment adressée au Saban Forum à Washington sous l’égide de la Brookings Institution. Plutôt que de critiquer Israël pour ses actions illégales et son occupation, Clinton a demandé aux dirigeants arabes « de relancer l’Initiative arabe de Paix en vue d’y inclure la reconnaissance d’Israël en tant qu’État juif », une exigence israélienne majeure adressée aux Palestiniens. Elle a aussi déclaré qu’un de ses premiers gestes serait d’inviter le Premier ministre israélien à Washington au cours du premier mois.

Le candidat démocrate Bernie Sanders est peut-être celui qui se rapproche le plus de la politique du gouvernement Obama. Il estime que « les États-Unis doivent avoir une politique équitable avec Israël et les Palestiniens. Ce que nous devons garantir est d’assurer qu’Israël peut exister en paix et en sécurité et que les Palestiniens ont leur propre état indépendant et une économie permettant à leur peuple d’avoir un niveau de vie convenable ».

Alors qu’il entre dans sa dernière année de présidence, Barack Obama a abandonné sa recherche d’une résolution pacifique au conflit israélo-palestinien, malgré sa détermination à la mettre en œuvre une fois qu’il avait été élu. La dernière visite de son secrétaire d’État John Kerry en Palestine historique avait pour but de trouver un moyen de faire pression sur Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne, pour qu’il mettre fin à la révolte palestinienne qui dure depuis deux mois. Il n’avait rien à offrir, même pour reprendre les négociations. À Paris, au cours de la récente Conférence sur les changements climatiques on a pu voir la première poignée de main entre le Premier ministre Nétanyahou et le président Abbas depuis des années, tout au moins en public.

Tous les candidats à la présidence US vont probablement, s’ils sont élus, soutenir Israël en paroles et en actes. À divers degrés ils ont absorbé la propagande de Nétanyahou selon laquelle la résolution du problème palestinien n’est pas ce qu’il y a de plus urgent au Moyen-Orient. Au début, c’était la distraction de l’accord nucléaire avec l’Iran et maintenant c’est la Syrie, l’Irak et la menace de la « terreur islamiste radicale » qui sont utilisées pour se détourner de la justice et de la paix.

La démocratie américaine permet l’exercice d’un niveau disproportionné d’influence par des lobbys organisés et des individus fortunés. Le lobby pro-Israël est l’un des plus puissants au Congrès et les candidats sont allés très loin pour affirmer leur indéfectible soutien à l’État sioniste. Ils ne font cela, avec de tels moyens et si ouvertement, pour aucun autre État étranger ou aucune autre cause.

La possibilité d’une prise de position américaine équitable face au conflit, par le prochain gouvernement est donc tristement négligeable, quel que soit le candidat élu. Quand on considère la récente et sérieuse dégradation de la situation sur le terrain en Palestine historique, cela dans mon opinion menace non seulement la réalisation d’une paix juste, mais aussi les périodes de calme relatif, ainsi vues de l’extérieur, qui suivent les attaques israéliennes contre Gaza ou quelque révolte palestinienne. Pour les Palestiniens, bien sûr, il n’y a aucune période de calme – relatif ou autre – sous la brutale occupation militaire israélienne.