Sur fond de crise syrienne, Jean-Yves Le Drian se rend à Moscou pour rencontrer Sergueï Lavrov

Mardi, 27 février, 2018 - 10:54

Les ministres russe et français des Affaires étrangères se rencontrent pour évoquer de nombreux sujets de politique internationale, même si la dégradation de la situation dans la Ghouta, près de Damas, devrait être au centre des discussions.

Alors que la Ghouta orientale, près de Damas, replonge dans le chaos après la réactivation de groupes armés rebelles tels que Fatah al-Cham (anciennement Front al-Nosra, lié à al-Qaïda) ou l'Armée de l'Islam, le ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères Jean-Yves le Drian se rend à Moscou ce 27 février 2018 pour rencontrer son homologue russe, Sergueï Lavrov. Le ministre français aura sans doute pour tâche de conforter la convergence de vues exprimée conjointement par Angela Merkel, Emmanuel Macron et Vladimir Poutine lors d'un entretien téléphonique le 25 février.

 

Les trois chefs d'Etat avaient alors prôné la «poursuite des efforts communs» pour la mise en place d'une trêve en Syrie demandée par une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies le 24 février. Les trois dirigeants se sont également mis d'accord pour «renforcer l'échange d'informations» sur la situation dans ce pays en guerre. Ils ont «souligné la poursuite des efforts communs dans l'intérêt de mettre en place pleinement et le plus vite possible» la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU sur la trêve d'un mois en Syrie, d'après un communiqué du Kremlin.

Les grands principes de la France malmenés par la réalité du terrain ?

Mais derrière la volonté commune de coopération, très générale, les deux ministres des Affaires étrangères auront fort à faire pour concilier leur analyse de la situation en Syrie, très différentes dans le détail.

 

Tandis que la diplomatie française, reprenant la position américaine, ne voit dans la Ghouta qu'une opération de Damas contre des civils et des rebelles, la Russie martèle que la Ghouta est contrôlée par des groupes armés islamistes et salafistes. Le 22 février dernier déjà, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov s'était déjà montré très clair et précis. «La responsabilité de la situation dans la Ghouta incombe à ceux qui soutiennent le terrorisme», avait-il fait valoir, cité par RIA, avant de poursuivre : «Comme vous le savez, ni la Russie, ni la Syrie, ni l'Iran ne font partie de cette catégorie, puisque ce sont eux qui mènent une lutte implacable contre les terroristes en Syrie.»

Ce 26 février, le Centre russe pour la réconciliation des parties en conflit en Syrie, cité par l'agence de presse russe RIA, a accusé les rebelles de retenir des centaines de personnes en otage dans la Ghouta, dont des femmes et des enfants. Cette même source a annoncé avoir convenu avec le gouvernement syrien de l'évacuation des blessés de la zone.

 

Trois jours plus tôt, le 23 février, les groupes armés rebelles, parmi lesquels les terroristes de Fatah al-Cham (alias Front al-Nosra, lié à al-Qaïda) et Jaïch al-Islam («Armée de l'Islam») avaient rejeté tout plan d'évacuation des civils et des combattants hors de leur fief de la Ghouta. Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, venait en effet de proposer aux rebelles un plan d'évacuation de la Ghouta orientale. «Les terroristes qui se trouvent dans la Ghouta orientale ne déposent pas les armes, ils retiennent les habitants en otage et cela exacerbe les tensions», déplorait ce même jour le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, cité par l'agence TASS.

Une diplomatie française en zig-zag

En dehors de la question de la Ghouta, subsiste une divergence entre la position exprimée par la France depuis le début du conflit et celle défendue par la Russie, alliée du gouvernement syrien et dont l'opération militaire s'appuie depuis 2015 sur l'action sur le terrain terrain des forces syriennes contre les groupes djihadistes.

Une semaine avant un voyage à Moscou en septembre 2017, Jean-Yves Le Drian avait estimé que la résolution du conflit devait se faire sans le chef de l'Etat syrien. «Il ne peut pas être la solution. La solution, c'est de trouver avec l'ensemble des acteurs un calendrier de transition politique qui permettra d'aboutir à une nouvelle constitution et des élections. Et cette transition ne peut pas se faire avec Bachar el-Assad qui a assassiné une partie de son peuple.»

 

Face à son homologue russe, le 8 septembre, le chef de la diplomatie française s'était pourtant montré moins catégorique jugeant possible «la mise en œuvre du processus politique [...] sans le préalable du départ de Bachar el-Assad».

 

Source : RT France