Port du masque en extérieur : « On y est condamné pendant longtemps, car l’Etat y gagne »

Mercredi, 28 avril, 2021 - 16:25

Au fil des vaccinations, certains pays lèvent progressivement l’obligation du port du masque. D’autres ne l’ont tout simplement jamais imposé. En France, des voix s’élèvent, mais le Haut Conseil de la santé publique le préconise toujours en extérieur et l’État ne prévoit pour l’heure pas d’allègement. Un engrenage sans fin, alerte Fabrice Di Vizio.

L’Australie, Israël, une partie des États-Unis tombent le masque dans l’espace public.

Depuis quelques semaines, certains endroits du monde se réveillent doucement comme d’une longue convalescence. Pas la France. Du moins pas pour l’instant, et selon Me Fabrice di Vizio, pas avant longtemps non plus. Interrogé par Sputnik, l’avocat des professionnels de santé est catégorique: il s’agit là d’une «mesure-spectacle», qui n’est pas d’ordre sanitaire, mais sociologique.

«Toutes les études montrent que le masque en extérieur ne sert à rien, il n’y a plus de doute là-dessus», tacle l’avocat avant de poursuivre: «En intérieur, il a une certaine utilité, même si là aussi, il y a des alternatives. Mais en extérieur, il n’a été mis en œuvre que pour inciter à le porter partout. Nous ne sommes plus dans la science, mais dans une action politique et sociale. Et c’est pour cela qu’on n’en sortira pas.»

Et, bien qu’il ne soit pas strictement obligatoire à échelle nationale –sauf dans les lieux clos– et qu’il appartienne aux préfectures et aux mairies de l’imposer dans les espaces publics, force est de constater que peu d’entre elles sont allées à contre-courant des recommandations. Ainsi, Limoges, seule grande ville et préfecture à ne pas l’appliquer jusque-là, s’est vue contrainte de céder aux pressions et rendait, le mois dernier, le masque obligatoire en plein air.

L’immense majorité des municipalités continue donc d’appliquer un protocole strict en extérieur. Or, tandis que les lieux de culture et les terrasses devraient reprendre leur activité à partir de mi-mai et qu’une réouverture progressive des espaces clos pourrait à nouveau être retardée, aucune perspective n’a en revanche été dessinée concernant le masque.

Les autorités sanitaires dans le déni?

Au contraire, dans un communiqué rendu public dimanche 25 avril, le Haut Conseil de la santé publique persiste et signe, recommandant –à l’intérieur comme à l’extérieur, même aux personnes vaccinées– de «continuer à respecter l’application des mesures barrière dont le port de masque et de limitation des déplacements en accord avec l’évolution des décisions nationales en fonction de l’avancée de la couverture vaccinale.» En contrepartie, l’autorité sanitaire autorise les personnes vaccinées à tomber le masque en privé et sans être plus de six. Là aussi, une mesure totalement incohérente et arbitraire, juge Me di Vizio:

«Les dernières études montrent que l’aérosolisation du virus serait la méthode de transmission dominante, de telle sorte que dehors, il n’y aurait pas de transmission possible, car pas d’aérosolisation. D’où la préconisation d’aérer en intérieur. Une étude allemande vient de paraître et va dans ce sens. Soit on reste dehors soit on aère les salles de classe, de spectacle…»

Un constat sur le masque en extérieur que beaucoup partagent, y compris chez les scientifiques impliqués dans la lutte contre l’épidémie.

«Une logique sécuritaire»

Dernièrement, c’est Martin Blachier, épidémiologiste médiatisé, qui s’emportait sur le plateau des Grandes Gueules, arguant que le masque en extérieur ne servait à rien et que l’on continuait de contraindre les Français de manière inutile. «Quand vous avez obligé les gens à porter le masque pendant un an en extérieur, il faut préparer l’opinion publique pour leur dire qu’en fait, ça ne servait à rien. Tous les épidémiologistes interrogés disent que ça ne sert à rien», s’indigne le scientifique, comme d’autres de ses confrères.

Récemment par exemple, l’urgentiste Gérald Kierzerk affirmait: «On sait maintenant que les contaminations sont par voie aérienne, respiratoire, dans les aérosols. Il faut comparer ça à une fumée de cigarette. On voit que le nuage se disperse tout de suite, c’est exactement la même chose avec les aérosols de coronavirus, donc ce n’est pas en croisant quelqu’un dans la rue que l’on a un risque de contamination.» Le médecin prêche dans le désert, estime Fabrice di Vizio:

«L’imposer est une manière pour les États de faire preuve d’autorité et de dissimuler qu’ils n’ont plus aucune notion scientifique. Il y a un basculement, nous allons vers une logique sécuritaire», accuse l’avocat.

Les preuves sont pourtant légion, avance-t-il, et ce peu importe le type de masque. «On sait par exemple que chez les enfants, il retarde le développement, mais le Conseil d’État ne bouge pas.» En effet, plusieurs pédopsychologues ont alerté les pouvoirs publics en ce sens.

 Autre argument qui revient souvent sur la table: l’absence de cluster en extérieur. Et cela s’est encore vérifié pour le carnaval à Marseille, plaide le spécialiste du droit de la santé.

«Au Texas, est-ce qu’il y a eu un rebond épidémiologique? Non. En Floride? Non plus. Comparez le Dakota du Sud et du nord, qui sont voisins, dont l’un impose le masque et pas l’autre. Les courbes sont les mêmes», continue-t-il. Les pays qui y renoncent ou bien ceux qui ne l’ont jamais généralisé, tels que la Suède, ne connaitraient pas l’hécatombe tant redoutée.

Port du masque, «à quel moment on dit stop?»

Ceux qui ont aboli le port du masque en extérieur avaient en effet une bonne raison de le faire, poursuit le défenseur des libertés individuelles. L’Espagne n’avait pas les moyens d’une telle politique sanitaire, tandis que la Belgique commençait à observer des frondes généralisées… En France, il n’y aurait pour Fabrice di Vizio aucune raison pour que cela cesse. Pire, prévient-il: la population se résigne et personne n’ose protester au risque de passer pour un complotiste.

«Indépendamment de l’utilité du masque, la question c’est: jusqu’à quand? À quel moment on dit stop? On est condamné au port du masque pendant longtemps, car l’État y gagne. Lorsque vous mettez en place une mesure, soit elle est acceptée, soit elle ne l’est pas et vous utilisez la contrainte. Or, moins la mesure est acceptée, plus vous aurez de contraintes pour la faire accepter», regrette Fabrice Di Vizio.

Des recours en justice seront sans doute déposés, assure néanmoins l’avocat coutumier des plaintes contre le gouvernement. Mais cela ne suffira pas, «il faudra attendre à minima les élections présidentielles et qu’un candidat s’engage à abolir certaines mesures, mais peu auront le courage de risquer une accusation de complotisme.»

Certaines personnalités d’opposition se positionnent pourtant contre cette perspective d’être «masqué à vie» vers laquelle se dirige le pays, mais leur message n’est que de faible portée et leur adhésion limitée.

Pour les plus pessimistes, le masque, même en extérieur, sera donc imposé aussi longtemps que possible. Il ne faudra, en tout cas, rien espérer avant un an, à en croire Fabrice Di Vizio. Les paris sont lancés.

 

Source : Spoutnik