Ministère des Affaires étrangères : la Russie veut renforcer son soft power par le développement de sa culture

Jeudi, 7 octobre, 2021 - 20:44

Un projet d'oukase présidentiel a été mis en ligne prévoyant la mise en place au sein du ministère des Affaires étrangères d'un nouveau Département, chargé de développer la langue, la culture et la vision du monde propre à la Russie. Il s'agit, selon les explications données, de la mise en place d'un instrument de soft power. Face à la montée en agressivité d'une culture anglo-saxonne révisée et elle-même coupée de ses sources, portant une vision du monde mortifère et post-humaine, avancer une alternative serait une bénédiction, tant à l'international qu'à l'intérieur. Les combats ne se gagnent pas uniquement avec des armées, mais aussi avec la conquête des cerveaux, comme l'histoire l'a montrée plus d'une fois.

La Russie veut développer la coopération internationale en développant la langue et la culture russes. Or, la question de la langue n'est jamais une question neutre. En fonction de la langue que l'on parle l'on se situe dans le monde, on construit son monde, son identité ; l'on formule différemment sa pensée selon la langue, l'on pense différemment selon la langue. Les citations des films et chansons cultes des uns ne sont pas ceux des autres peuples et souvent difficilement traduisibles. Les référents culturels vont varier selon les langues et avec eux les schémas de catégorisation de la réalité et les schémas interprétatifs.

Quand la Russie veut créer au 1er janvier 2022 un Département de 35 personnes pour diffuser la langue et la culture russe, c'est effectivement une décision politique qui se prépare. La question de la coordination par ce Département du ministère russe des Affaires étrangères des politiques de collaboration culturelle, scientifique, artistiques, dans les sciences humaines, est bien envisagée comme le développement d'un soft power

Dans un contexte géopolitique particulièrement tendu, où les politiques d'endiguement et de refoulement de la Guerre froide n'ont pas pris fin avec la chute de l'URSS, il est fondamental pour la Russie de développer sa zone géographique et humaine d'influence, sa zone de sécurité, sa zone de force. En proposant une culture différente de celle portée par le monde post-moderne, en opposant un modèle de vie face à ces dérives mortifères, la Russie peut trouver la voie, et pour la stabilisation de sa position géopolitique, et pour la stabilisation de sa situation intérieure face aux tentations d'une plongée dans les abysses du globalisme post-humain.

Source : Russie Politics