Didier Raoult : « Je suis serein, je sais comment cela va se terminer »
Depuis dix jours, le professeur Raoult est au centre de tous les débats. Spécialiste des maladies infectieuses de niveau mondial, celui qui dit détenir un potentiel traitement contre le coronavirus entend avancer rapidement, quitte à s’affranchir des protocoles en vigueur. Avec sa franchise habituelle et sa liberté de ton, il revient jeudi 26 mars dans un entretien au site Marcelle sur les controverses dont il fait l’objet, tout en défendant ses méthodes.
Sur le conseil national scientifique : « Je n’ai pas deux heures à perdre »
« La France, mon pays, ne suit pas ce qui est raisonnable et prend du retard parce que des gens qui se pensent importants ne veulent pas se dédire» : en une phrase, Didier Raoult résume le fond de sa pensée sur les controverses en cours. Répondant aux questions de Paul Molga et d’Hervé Vaudoit, il assume crânement la politique de la chaise vide qu’il exerce désormais au sein du conseil national scientifique : « Je n’ai pas deux heures à perdre dans des discussions qui ne vont pas à l’essentiel. Ici, nous sommes submergés de travail » dit-il, fustigeant les « les causeries où il ne faut surtout froisser personne ».
« Les politiques et leurs décisions, c’est l’Histoire qui les juge. On verra très vite ce qu’il en est pour cette crise. On connaîtra la vérité » poursuit le professeur, confronté à la prudence des pouvoirs publics quant à une généralisation du traitement à base de hydroxychloroquine qu’il préconise à destination des personnes atteintes du coronavirus. « Moi, je suis serein, je sais comment cela va se terminer » affirme-t-il, ajoutant : « Je sais ce que je dis, je sais ce que font mes équipes, j’accumule des données – donc du savoir supplémentaire – et je mesure tous les jours l’effet clinique de ce que je préconise ».
Discovery : « Si on avait envie de prouver que ça ne marche pas, on ne s’y prendrait pas autrement »
Statistiques publiées vendredi 27 mars 2020 sur le site internet de l’IHU.
Sous le feu des critiques, il défend sa méthode : « Un millier de patients ont été déclaré positifs aux tests que nous avons réalisés. Grâce au suivi de leur traitement, nous disposons d’une somme considérable de données. Nous les compilons. Elles nous donneront bientôt une idée plus précise de l’action de l’hydroxychloroquine », expliquant : « Notre doctrine, c’est de détecter et de traiter le plus en amont. L’hydroxychloroquine fonctionne sur les cas modérés à sévères. Au-delà, quand les patients sont en réanimation, c’est trop tard ».
Il y aura une enquête parlementaire après tout ça, et elle sera sanglante, autant que l’affaire du sang contaminé
Didier Raoult
Interrogé sur l’essai clinique européen Discovery, lancé le 24 mars sous la coordination de l’Inserm, et qui testera l’hydroxychloroquine parmi les quatre remèdes retenus dans l’étude sur des cas graves d’infection au Covid-19, le professeur Raoult se montre cinglant quant à la méthode employée. « Si on avait envie de prouver que ça ne marche pas, on ne s’y prendrait pas autrement. Il y aura une enquête parlementaire après tout ça, et elle sera sanglante, autant que l’affaire du sang contaminé » juge-t-il, estimant que : « ce sera pire si le gouvernement décide de refuser l’accès au médicament » (l’arrêté d’autorisation a depuis été publié au journal officiel).
Balayant les critiques relatives aux effets secondaires de la chloroquine, le professeur Raoult invoque le serment d’Hippocrate, comme il avait déjà fait dimanche avec son équipe, pour passer outre les mises en garde prononcées par l’OMS : « mon devoir, c’est de faire ce qui me paraît le mieux pour les malades, en fonction de mes connaissances et de l’état de la science » plaide-t-il, expliquant : « Toutes les données que nous recueillons depuis que nous avons commencé, il y a un mois, après les premiers essais en Chine, vont dans le même sens. Alors, que ça respecte ou non les procédures scientifiques habituelles… ».
Didier Raoult pointe une « question de volonté politique »
Affirmant avoir pratiqué depuis lundi 23 mars « 2 000 tests par jour, [avec] environ 10% des personnes testées positives », il identifie deux barrières à une généralisation de la prise en charge qu’il préconise : « une question de volonté politique » tout d’abord, mais également les difficultés d’une « mise en place logistique ». Appelant à un dépistage massif à l’échelle du pays comme il l’avait dès la présentation des premiers résultats de son étude la semaine dernière, il considère que : « Si nous arrivons à faire 2 000 tests par jour à l’IHU de Marseille je ne peux pas croire que la France entière ne soit pas capable de faire comme en Allemagne ou en Corée du Sud ».
Source :Gomet santé