Renvoyés de leur école pour avoir chahuté un stand LGBT : la lettre des deux étudiants de l'Ices à Mgr Jacolin
Renvoyés définitivement de l’ICES (Institut catholique de Vendée) après qu'ils ont chahuté un stand LGBT le samedi 18 mai dernier, deux étudiants ont écrit début juin une lettre à Monseigneur François Jacolin, Évêque de Luçon et Chancelier de l’ICES, pour demander leur réintégration. Valeurs actuelles la publie.
Le mardi 28 mai dernier, le Conseil de discipline de l’ICES, présidé par Monsieur Éric de Labarre, se précipite pour infliger des sanctions à treize étudiants (exclusions avec ou sans sursis) qui avaient chahuté un stand LGBT le samedi 18 mai précédent, dans l’après-midi, à La Roche-sur-Yon (Vendée). La chose est d’autant plus étonnante que, dans son communiqué du 29 mai, le Procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance de La Roche-sur-Yon indique que si toutes les personnes contre lesquelles il intente des poursuites judiciaires sont étudiantes à l’ICES, « il ne résulte d’aucun élément du dossier que cette appartenance ait joué un quelconque rôle dans la commission des faits ».
Dans une interview publiée par Ouest-France le mercredi 5 juin, Monsieur Éric de Labarre s’entête dans la position et la communication qu’il a fait prendre dès le 19 mai à l’ICES en affirmant ceci : « Bien entendu qu’il y a un lien, et c’est bien ce qui est choquant ! L’un de nos principes fondateurs est le respect absolu des personnes. (…) Par ailleurs, dans les jours qui ont suivi, le nombre de réactions hostiles à l’ICES confirme que, pour l’extérieur, il y a un lien. » Dans le même entretien, il a même déclaré envisager que l’ICES se porte partie civile lors du procès pénal des jeunes devant le Tribunal correctionnel (l’audience étant prévue le 18 juillet prochain).
Voici la lettre que les deux étudiants renvoyés définitivement de l’ICES (sans possibilité de réinscription) ont adressé (mardi 4 juin 2019) à Monseigneur François Jacolin, Évêque de Luçon et Chancelier de l’ICES. Une copie a été adressée à son Éminence le Cardinal Giuseppe Versaldi, Préfet de la Congrégation pour l’Éducation Catholique, à son Excellence Monseigneur Luigi Ventura, Nonce apostolique en France ainsi qu’à Monseigneur Éric de Moulins-Beaufort, Président de la Conférence des Évêques de France.
Monseigneur,
Vous avez sans doute été informé par l’ICES, dont vous êtes le Chancelier, de la terrible sanction qui nous frappe, à savoir l’exclusion définitive, à la suite des événements survenus à La Roche-sur-Yon, le 18 mai dernier, où nous avons chahuté un stand LGBT sur la place Napoléon. Cette grave décision nous paraît disproportionnée.
Nous reconnaissons sincèrement avoir agi avec imprudence et de manière irréfléchie. Cependant, comme nous l’avons dit devant le conseil de discipline, nos agissements n’engageaient nullement l’ICES puisque les faits se sont déroulés en dehors de ses murs, que nous ne portions aucun signe distinctif apparent et que jamais nous n’avons mentionné notre appartenance à cette université.
Seules des dénonciations politiques et médiatiques ont cherché à établir, coûte que coûte, un lien entre notre acte et l’établissement universitaire dans lequel nous suivons avec bonheur nos études supérieures.
Nous vous présentons toutes nos excuses de ne pas avoir anticipé le fait que des adversaires déclarés ou sournois à la saine doctrine catholique – et des institutions sociales comme l’ICES qui la portent – chercheraient à la discréditer en raison de la forme maladroite que notre protestation a prise.
Mais, nous tenons à rappeler, ici, une nouvelle fois, comme nous l’avons fait devant le conseil de discipline, n’avoir cherché qu’à défendre l’ordre naturel des choses contre le désordre promu par l’idéologie d’un lobby. Nous savons faire la différence entre des revendications contestables et les personnes, nos prochains, pour lesquelles nous affirmons avoir une réelle et profonde indulgence, celle-là même que nous sollicitons à notre égard puisque nous savons bien être nous aussi, malheureusement, pécheurs.
Notre action n’a été que l’expression de notre désarroi face à la banalisation de revendications de « droits » qui blessent nos consciences de jeunes adultes mais aussi celles des petits, de nombre de frères et sœurs de nos amis. Cette banalisation sur la scène publique porte atteinte à leur innocence.
Certains nous accusent d’avoir enfreint le règlement intérieur de notre Université nous enjoignant de ne pas porter atteinte à l’ordre public et de s’abstenir de tout comportement pouvant salir la réputation de l’établissement. Mais, nous n’avons fait que témoigner – il est vrai très maladroitement, nous le confessons – de la position doctrinale de l’Église.
Monseigneur, nous vous demandons pardon pour notre imprudence et nous implorons votre grâce. Ne nous laissez pas condamner à la vindicte publique et peut-être même à la mort sociale puisque nous risquons très sérieusement d’être bloqués pour la poursuite de nos études supérieures, ce qui pourrait briser l’avenir des familles catholiques que nous sommes peut-être appelés à fonder.
Nous sommes sous le coup d’une procédure judiciaire étatique pouvant mener à des condamnations pénales. Nous devons l’assumer. Mais, avec cette exclusion définitive, sans possibilité de réinscription même après une période de latence, nous sommes susceptibles de subir une double peine. Au regard de ce que nous avons objectivement fait, c’est trop et c’est injuste.
En tant que chancelier de l’ICES nous vous supplions publiquement d’œuvrer à notre réintégration et, au besoin, de l’ordonner. Vous êtes notre planche de salut. Par pitié, n’abandonnez pas vos enfants.
Nous vous prions de bien vouloir accepter, Monseigneur, l’assurance de notre profond et filial respect.
Source : Valeurs Actuelles