Manif pour tous : il ne fallait pas sauver le soldat Macron !
Une manif réussie
La manifestation organisée par les tenants de la « Manif Pour Tous » ce 6 octobre a donc été un succès. Relatif peut-être, au regard des grandes mobilisations contre la loi Taubira, mais succès quand même. Les images sont parlantes, et il y a un certain nombre de symptômes qui attestent de cette réussite. À commencer par la reprise des mensonges éhontés proférés par le ministère de l’intérieur sur la participation comme cela fut systématique avec les manifestations des gilets jaunes. Sans complexe et avec aplomb, les services de la place Beauvau ont pris le relais d’un ministre de l’intérieur occupé à d’autres mensonges. Et comme pour les gilets jaunes, la presse amie a répercuté mécaniquement. Avec juste « le Monde » prenant quelques pincettes avec le bobard officiel, probablement par peur du ridicule. Voilà des preuves convaincantes, et si ce n’était pas un raz-de-marée, il y a eu une solide manifestation quand même. Pari réussi.
Il faut dire que la semaine précédente avait permis d’assister à un réjouissant festival d’imbécillités et d’incongruités autour du débat parlementaire sur la loi « bioéthique ». D’Agnès Buzyn assénant sans broncher « qu’évidemment une mère pouvait être un père » (!) à Aurore Bergé nous délivrant l’autorisation de continuer à faire des enfants à l’ancienne, en passant par les députés de la France Insoumise proposant pour l’un la « pluri-parentalité » c’est-à-dire, soyons clair, la polygamie, pour l’autre la suppression de la mention du sexe sur l’État civil en invoquant son caractère oppressif (!). Sans mesurer que cette disparition sur les documents administratifs officiels risquait de poser un petit problème quant à l’obligation de parité dans la vie publique… On n’oubliera pas le sketch hilarant du duo de choc Buzyn/Belloubet emberlificoté dans les subtilités de la PMA pour les transgenres. Ni bien sûr les contorsions des Philippe, Lemaire et autres Didier pour justifier leurs reniements. Et finalement c’est surtout l’évidence de la très prochaine autorisation de la GPA (mais attention éthique la GPA…) qui a remobilisé les bataillons de catholiques et en a fait descendre quand même un certain nombre dans la rue.
Duplicité
Mais c’est là que l’on a envie de les regarder en ricanant en leur disant : « le trans humanisme, la PMA, la GPA, la marchandisation des corps, la transformation technique de la filiation, l’eugénisme, etc. etc., vous les avez voulus vous les aurez. Et ne venez pas jouer les offusqués. Le 26 mai dernier, vous avez sauvé Macron et sa bande, échangé la suppression de l’ISF et la protection contre les méchants gilets jaunes avec une mutation anthropologique que vous prétendez maintenant refuser. Vous saviez, tout le monde savait qu’avec Macron il y aurait la PMA et juste après la GPA, en attendant la mise en place des folies voulues par Jean-Louis Touraine. À ce niveau, ce n’est plus de l’inconséquence mais de la duplicité ».
Livrons-nous à une petite analyse de ce qui s’est produit l’hiver et le printemps dernier. L’explosion du mouvement social des gilets jaunes à partir du 17 novembre 2018 a été une surprise pour tout le monde. Dans un premier temps, les grands intérêts qui ont installé Macron au pouvoir l’ont sommé de lâcher du lest afin de rétablir le calme. Ce furent les mesures annoncées le 10 décembre et la fameuse enveloppe des 10 milliards. La poursuite du mouvement a incité Macron à changer de stratégie, comme il l’a clairement annoncé dans ses « vœux » du nouvel an lorsqu’il s’en est pris à la « foule haineuse ». Une répression de masse sans précédent depuis la guerre d’Algérie a été mise en œuvre. Tout a été fait, pour essayer de disqualifier le mouvement en provoquant la violence par tous les moyens. Les forces de l’ordre ont obtenu un blanc-seing pour utiliser la force brutale de façon débridée et en tout cas bien au-delà des limites prévues par la loi. L’intimidation a été complétée grâce au ralliement sans état d’âme de la Justice à cette stratégie. D’abord en protégeant la police dont elle a normalement le contrôle, ensuite en conduisant des procédures accélérées pour aboutir à un bilan jamais vu de 3000 condamnations en quelques semaines dont 1000 peines de prison ferme ! On n’a guère entendu sur ce sujet ceux qui ont battu le pavé hier, peu troublés par ce que l’on faisait subir aux couches populaires, cela les a même probablement rassurés.
Le 26 mai avaient lieu les élections européennes, ce scrutin sans enjeu institutionnels direct, était transformé du fait du contexte de crise en référendum anti-Macron. Dont devait sortir un rapport de force qui s’il avait été défavorable au président de la république l’aurait obligé à des compromis. Les LR ont donc choisi un candidat tête de liste sur-mesure, très propre sur lui, d’excellent niveau intellectuel et chrétien assumé. Sa campagne fut bonne, ses meetings bien remplis et ses interventions médiatiques séduisantes. Sa liste était annoncée aux alentours de 14 % dans les sondages tous convergents sur ce point.
Patatras, une grande partie des électeurs de cette bourgeoisie nationale et catholique après avoir menti aux sondeurs, s’est précipitée vers la liste Macron/Loiseau considérée comme protection contre les partageux. Au diable le refus du trans humanisme, l’avilissement de la fonction présidentielle, la corruption du système, le ridicule et la cupidité des ministres, comme d’habitude la préservation compulsive des « petits sous » l’a emporté sur tout. Au prix de l’humiliation de François-Xavier Bellamy, annoncé à 14 % pour se retrouver à 8 et basculant dans le marécage où pataugeaient déjà le PS et la France Insoumise.
Petit scénario uchronique
Imaginons un petit scénario uchronique, avec l’utilisation d’une arithmétique certes sommaire. Si ces 6 % d’électeurs récupérés par Macron avaient voté pour leur famille politique affichée, les rapports de force en eurent été bouleversés. On aurait trouvé le RN à 22 %, LREM à 15 talonné par les LR à 14. Situation politique complètement différente avec un Macron à ce point affaibli, qui aurait rendu beaucoup plus difficile la poursuite des dérives sociétales. Alors qu’aujourd’hui grâce au vote du 26 mai, rassuré par le ralliement de cette bourgeoisie, et alors même que son pouvoir n’a rassemblé que 11 % des inscrits, il s’est affiché vainqueur (!) et tranquillement tourné vers la « gauche » culturelle il va lui faire tous les cadeaux possibles dans le but de la ramener à lui. Cet homme se moque du trans-humanisme comme d’une guigne et n’a d’autres convictions que le pouvoir et la mise en œuvre de la feuille de route décidée par les grands intérêts qui l’ont installé à son poste.
Alors chers bourgeois cathos, évitez de pleurnicher. Vous vouliez garder vos petits sous et avez mis vos convictions sous le boisseau, sauvant en cela Emmanuel Macron et sa bande. Eh bien il vous présente aujourd’hui la facture. Alors, même si nous pouvons avoir de l’aversion pour certaines dérives conduisant à la marchandisation du corps humain, ne venez pas nous demander de les combattre avec vous.
Nous ne pouvons pas vous faire confiance.
Source : Vu du droit