Les préparatifs de guerre passent par la création d’une armée européenne sous tutelle américaine

29.07.2024

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, vient d’annoncer qu’«il est maintenant temps de construire une véritable union de défense», ce qui, selon le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, représente un changement marqué dans les priorités qui recoupera les intérêts de l’OTAN. La transformation prévue de l’UE en une union militaire est vendue au public comme une réponse au conflit ukrainien prolongé, mais il s’agit en réalité d’un jeu de pouvoir fédéraliste conçu pour enraciner à jamais l’hégémonie allemande sur le bloc européen sous tutelle américaine.

Ce pays cherche à fédéraliser l’UE depuis des années déjà, et malgré quelques succès notables pour amener les États membres à céder des parties importantes de leur souveraineté à Bruxelles, cela n’a jusqu’à présent pas donné les résultats escomptés. Ce plan pourrait également devenir plus difficile à mettre en œuvre alors que deux nouveaux groupes ont émergé au Parlement européen depuis les dernières élections : l’«Europe des nations souveraines» dirigée par l’AfD et les «Patriotes pour l’Europe» dirigés par la Hongrie, tous deux farouchement opposés à la fédéralisation.

La seule façon possible de faire passer ce programme face à une telle opposition croissante est de redoubler d’efforts sur la peur de la Russie dans l’espoir que les élites libérales-mondialistes au pouvoir dans les États membres accepteront de se fédéraliser sous prétexte de se défendre contre une invasion prétendument imminente. Ce n’est pas directement dit, mais le sous-texte est qu’on ne pouvait pas compter sur le dirigeant américain de l’OTAN pour défendre ses alliés dans ce cas, bien qu’il ait réaffirmé à plusieurs reprises son engagement envers les obligations de défense mutuelle de l’article 5.

Les craintes mentionnées ci-dessus ne peuvent pas être exprimées à haute voix puisque l’expression antérieure de ces préoccupations a été précédemment dénigrée par les médias grand public comme une soi-disant «propagande russe», mais elles pourraient devenir plus fortement sous-entendues à l’approche des prochaines élections présidentielles aux États-Unis. Le plan de Trump pour l’OTAN, sur lequel les lecteurs peuvent en savoir plus en détail ici, appelle à contraindre les membres à augmenter leurs dépenses de défense et à assumer davantage de responsabilités pour leurs intérêts de sécurité immédiats vis-à-vis de la Russie.

L’analyse hyperliée qui précède soutient qu’elle est déjà partiellement mise en œuvre par l’administration Biden, comme le prouve le concept de «forteresse Europe» de l’Allemagne, qui revient à devenir la puissance militaire du continent avec le soutien total des États-Unis afin de faciliter le «pivot (retour) vers l’Asie» de l’Amérique. Le «Schengen militaire» de fin janvier, la «ligne de défense de l’UE» du mois dernier et l’accord de ce mois-ci d’assumer une partie de la responsabilité de la sécurité des frontières de la Pologne sont les développements les plus significatifs jusqu’à présent.

La prochaine étape consiste à consolider les gains militaro-stratégiques de l’Allemagne au cours des six derniers mois grâce à l’appel de von der Leyen à une union militaire, qui verrait Bruxelles, contrôlée par l’Allemagne, organiser les besoins militaro-industriels du bloc à travers ses 27 membres, les rapprochant ainsi d’une fédéralisation de facto. En renonçant à la souveraineté sur l’élaboration des politiques militaires, que certains d’entre eux ont fièrement protégée jusqu’à présent, tous les autres aspects de la fédéralisation se mettraient rapidement en place peu de temps après.

C’est pourquoi il incombe aux deux nouveaux groupes conservateurs-nationalistes du Parlement européen de faire tout leur possible au sein de cet organe et dans les pays d’origine de leurs membres pour empêcher leurs élites libérales-mondialistes au pouvoir d’accepter les plans d’union militaire de von der Leyen. L’avenir de leurs pays est en jeu et soit ils conserveront une partie de leur souveraineté, aussi imparfaite et partielle soit-elle actuellement, soit ils perdront tout et finiront comme un État indescriptible dans une fédération européenne dirigée par l’Allemagne.

Andrew Korybko

source : Andrew Korybko via Les 7 du Québec