Les États-Unis menacent de sanctions les entreprises européennes impliquées dans le projet de gazoduc russe
Le département d’État américain a lancé un avertissement concernant de probables sanctions à l’encontre des entreprises engagées dans la construction du gazoduc Nord Stream 2, en prétendant que le projet russe compromet la sécurité énergétique en Europe.
« Comme beaucoup le savent, nous nous opposons au projet Nord Stream 2, le gouvernement américain s’y oppose » a déclaré la porte-parole du département d’État, Mme Heather Nauert, lors d’une conférence de presse. « Nous pensons que le projet Nord Stream 2 risque de nuire à la sécurité et à la stabilité énergétique globale de l’Europe. Cela fournirait à la Russie un autre outil pour faire pression sur les pays européens, en particulier sur des pays comme l’Ukraine. »
Le projet de gazoduc a été lancé en 2015 sous la forme d’une coentreprise entre la compagnie russe Gazprom et des partenaires européens, notamment Engie en France, OMV d’Autriche, Uniper et Wintershall d’Allemagne, ainsi que la multinationale anglo-néerlandaise Royal Dutch Shell. L’oléoduc, qui joint la Russie à l’Allemagne en passant sous la mer Baltique, devrait doubler l’actuelle capacité de 55 milliards de mètres cubes par an.
La porte-parole a déclaré que Washington pourrait introduire des mesures punitives à l’encontre des participants au projet énergétique. La mesure pourrait être mise en œuvre au moyen d’une disposition de la loi Countering America’s Adversaries Through Sanctions (CAATSA) [Contrer les adversaires de l’Amérique grâce aux sanctions].
« Au département d’État, nous avons passé beaucoup de temps à parler avec nos partenaires et alliés à l’étranger pour leur expliquer les ramifications de la CAATSA et comment une personne, une entreprise ou un pays peut enfreindre les règles de la CAATSA et faire l’objet de sanctions, a-t-elle expliqué. Nous n’avons pas tendance à commenter les sanctions prises, mais nous avons clairement indiqué que des mesures fermes contre tous les entités impliquées dans les gazoducs russes pourraient – si elles s’engagent dans ce genre d’affaires – s’exposer à des sanctions en vertu de la CAATSA. »
L’Allemagne, ainsi que d’autres pays de l’UE ont exprimé à plusieurs reprises leur intérêt pour la mise en œuvre du projet Nord Stream 2. Toutefois, des membres mineurs du bloc, dont la Pologne, la Lettonie, la Lituanie, la Roumanie et la Hongrie, se sont farouchement opposés à ce projet. De même, les autorités ukrainiennes s’opposent fermement au projet, car le futur gazoduc contournerait l’Ukraine et priverait son budget des redevances dues au transit du gaz.
Plus tôt dans la semaine, 28 sénateurs républicains et 11 démocrates ont signé une lettre exhortant la Maison-Blanche à utiliser tous les outils à sa disposition pour empêcher la construction du Nord Stream 2.
Cela donne à Washington un outil supplémentaire pour identifier et sanctionner les entités américaines et étrangères qui soutiennent les entreprises russes, selon la lettre. La loi CAATSA, approuvée l’été dernier, a déjà été appliquée pour imposer de nouvelles sanctions contre 19 personnes et cinq entités russes.
Source : Le Saker Francophone