Le Royaume-Uni fait déclarer par l'OTAN la guerre à la Russie
La virulence des hostilités déclenchées par le Royaume-Uni contre la Russie semble dépasser l'entendement rationnel.
Un fait divers que l'on prétend ne pas chercher à élucider est pris comme prétexte à un conflit plus que diplomatique avec la Russie.
La déclarée tentative d'empoisonnement de Sergueï ou de Julia Skripal (pas encore interrogés) à Salisbury dimanche 4 mars sert de prétexte à une escalade sans précédent. Pour écarter d'abord le corps de l'affaire on remarquera simplement que, si l'on sait tout de Sergueï Skripal qui a trahi la Russie au profit du Royaume-Uni mais n'a plus été inquiété par son pays depuis qu'il été extrait de prison après un tiers de sa peine, été échangé et autorisé à vivre à Londres il y a sept ans et demi, on en sait très peu sur Julia, qui depuis qu'elle a quitté l'université de Moscou il y a dix ans a alterné des fonctions diverses en Russie et au Royaume-Uni, dont elle envisageait il y a quelques années de prendre la résidence permanente avant de changer soudain d'avis et de rentrer en Russie en 2015. Les proches, Russes ou Anglais, qui essaient d'obtenir des nouvelles auprès de l'hôpital où elle est censée être traitée, sont éconduits par la police qui refuse de donner la moindre indication sur sa condition (ainsi que celle de son père), ce qui les a convaincus que les deux sont morts depuis une dizaine de jours. Ce serait normalement le cas s'ils avaient vraiment été exposés à une goutte d'un agent dix fois plus létal que le VX, comme ce Novitchok que seul un pays disposant d'échantillons, provenant du démantèlement des stocks ouzbèques ou synthétisé plus tard, peut identifier. L'enquête menée le jour même au restaurant Zizzi et au bistrot Mill indiquait une suspicion d'empoisonnement de leurs boissons, pas un dard de guêpe monté sur parapluie, mais ce n'est qu'une semaine plus tard, le 11, que les cinq cents personnes ayant visité l'un de ces deux établissements le 4 ont reçu l'instruction de laver soigneusement leurs effets portés ce jour-là. Dans tous les cas aucun enfant européen de plus de six ans, ou américain de plus de soixante, ne saurait trouver un motif rationnel pour lequel le gouvernement russe aurait pu commanditer pareille absurdité.
Il y a chaque année dans le monde plusieurs centaines de milliers d'homicides, et encore plus de tentatives, dont un nombre indéterminé touchent des résidents étrangers, qu'ils soient simples immigrés, réfugiés politiques voire traîtres à leur pays d'origine, et un certain nombre se font par empoisonnement, sans que cela entraîne nécessairement une suspicion d'action gouvernementale, et encore moins une déclaration de guerre. Au contraire la norme est généralement la coopération internationale, la police du pays où a eu lieu le meurtre ou la tentative prenant contact avec la police du pays où on a des raisons de penser qu'on peut trouver des éléments, comme dans ce cas le pays d'où venait d'arriver l'une des deux victimes. C'est du moins la norme entre pays européens, puisqu'entre pays de niveau criminologique dissemblable le pays le plus avancé, européen par exemple, demande par voie diplomatique que sa police soit invitée à aller "aider" (voire enquêter pour) celle du pays le moins avancé, africain par exemple.
En 1978, au plus fort de la guerre froide, lorsque Georgi Markov fut assassiné (empoisonné) au Royaume-Uni, ce pays n'expulsa pas le moindre diplomate bulgare ou italien et n'accusa aucun gouvernement. A l'époque des échanges d'espions et des éliminations de traîtres, un nombre encore non divulgué de plus ou moins honorables ressortissants des deux côtés du rideau de fer furent passés au fil du parapluie bulgare (ou équivalent), et à trépas en conséquence, sans états d'âme ni état de guerre.
Plus près de nous, et sans revenir sur la récompense accordée par un organisme pseudo-international pour l'assassinat un par un de tous les témoins à charge contre Ramush Haradinaj, dans une affaire similaire (de crime contre l'humanité) on peut remarquer que l'assassinat méthodique, dans divers pays, de tous les témoins appelés par la justice française au sujet du double régicide du 6 avril 1994, au fur et à mesure que le tribunal anti-terroriste dévoilait "candidement" leur nom sans les faire protéger, n'a donné lieu à aucune protestation gouvernementale française, aucune accusation envers le Ruanda ou l'Ouganda, aucune sanction diplomatique ou même, bizarrement, aucune suspicion envers l'ancien officier ougandais et actuel président ruandais à qui profitent tous ces assassinats, dont on se refuse obstinément à chercher le commanditaire. On n'a par contre pas besoin de chercher de commanditaire chaque fois que les Etats-Unis d'Amérique revendiquent l'assassinat, par missile ou avion téléguidé, de cinq ou six occupants d'une voiture particulière au Yémen au motif qu'il pourrait se trouver parmi eux quelqu'un soupçonné par les Etats-Unis, mais présumé innocent selon le droit, de vagues liens avec une organisation terroriste d'ailleurs fondée par eux. Cependant ni les alliés du Yémen ni aucun membre du Conseil de Sécurité n'a expulsé pour ce motif avéré et reconnu le moindre diplomate étatsunien, ou demandé de purger le Conseil de Sécurité de l'ONU du membre qui en viole régulièrement la charte.
Dans l'affaire anglaise, dès le 9 mars la Russie avait proposé au Royaume-Uni son aide dans l'enquête sur l'empoisonnement de ses deux ressortissants à Salisbury, dont l'un (Julia) résidait en Russie. Dédaignant cette proposition, le Royaume-Uni a préféré accuser explicitement la Russie le 11 mars, puis lui poser spectaculairement lundi 12 mars un ultimatum à la Russie, lui enjoignant de remettre avant mardi 13 au soir un rapport au gouvernement britannique détaillant le "programme Novitchok", et de confesser et expliquer son crime à l'Organisation pour l'Interdiction des Armes Chimiques (OIAC), dans le même délai. Cet ultimatum a été présenté sous la forme d'une déclamation publique du premier ministre Theresa May devant le parlement britannique. Dès sa prise de connaissance de cet ultimatum, le gouvernement russe a demandé à son homologue anglais d'une part d'ouvrir une enquête criminelle conjointe (et de fournir un échantillon du produit suspecté), et d'autre part de présenter à l'OIAC une déclaration d'événement chimique, selon les règles normées de ladite organisation. Le Royaume-Uni s'est catégoriquement refusé à ces deux démarches.
En clamant que les neurotoxiques sont interdits par la Convention sur l'Interdiction des Armes Chimiques le Royaume-Uni omet cependant de mentionner que cette convention ne prohibe l'usage d'armes chimiques que dans le cadre des conflits. Toutes les armes chimiques sont interdites d'emploi en guerre, même les incapacitants non létaux. Aucune arme chimique n'est interdite d'emploi en usage intérieur, par exemple en maintien de l'ordre, même si les gouvernements (qui dotent leurs polices de pistolets mais les entraînent à utiliser plutôt la matraque) y utilisent préférentiellement des armes non létales comme les gaz incapacitants temporaires (lacrymogènes, hilarants...) expressément interdits dans les conflits internationaux. Les articles II et VI de ladite convention excluent expressément de son champ de compétence les produits chimiques à finalité non militaire. Et on omet aussi de mentionner que si des conventions internationales régulent la guerre puisque c'est une activité légale, aucune convention internationale ne régule le meurtre puisque c'est une activité illégale (interdite, sans considération de moyens employés, par toutes les chartes affirmant le droit à la vie), donc aucune convention internationale n'interdit de commettre un meurtre à l'arme chimique.
Les autorités des pays civilisés se gardent généralement d'accuser un pays tiers devant la presse (voire devant leur parlement) avoir d'avoir au préalable fait part de leurs griefs aux autorités du pays sur le point d'être accusé, et demandé des explications d'abord par canal diplomatique discret. D'ailleurs lorsque la Dame de Fer guerrière mais éduquée a décidé le 20 mars 1982 de briser le contrat de démantèlement de ferraille en Géorgie du Sud entre Christian Salvesen et Constantino Davidoff, d'imposer à ce dernier l'abandon de ses travailleurs (de plusieurs nationalités) sur les îles, et d'envoyer le brise-glace Endurance pour empêcher leur évacuation, le Royaume-Uni a informé le jour même le chargé d'affaires argentin à Londres, puis maintenu le contact par le biais de son ambassadeur à Buenos Aires dès le surlendemain, jour de sa déclaration de guerre à l'Argentine.
Hors cas de guerre, la première mesure habituellement prise par un pays qui a un grief envers un autre est la convocation de l'ambassadeur résident de ce pays par le ministre des affaires étrangères du pays hôte, pour échange d'explications. Si celles-ci, après transmission des griefs par l'ambassadeur à son propre ministre de tutelle et réception des réponses, ne suffisent pas à régler la crise, le pays qui a des griefs envers un autre rappelle son propre ambassadeur "pour consultation". L'ambassade reste ouverte, l'ambassadeur quitte temporairement le poste où il est accrédité pour aller "faire son rapport" à son ministre de tutelle, ce qui est déjà une manifestation officielle et publique de désaccord, et selon la suite des événements il est soit renvoyé à son poste quelques jours plus tard soit retenu plus longuement voire indéfiniment dans son pays d'origine, comme l'ambassadeur de France à Damas, Eric Chevallier, qui avait osé exposer (confidentiellement) au ministre Alain Juppé la vérité sur les événements en Syrie mais fut retiré de Damas pour signifier le soutien de la France à la guérilla islamiste. L'expulsion de diplomates est une mesure exceptionnellement rare. Par exemple en 1981 après l'exploitation de la liste de 400 noms fournie par Vladimir Vetrov, la France a expulsé 47 agents soviétiques du KGB. Le Royaume-Uni en avait expulsé 90 en septembre 1971, avec deux semaines de préavis, et les avait même individuellement déclarés persona non grata puisque leur expulsion était motivée par leurs activités. Il a aussi expulsé 4 diplomates russes en 2007, en représailles au refus de la Russie de lui extrader un suspect protégé par la Convention Européenne d'Extradition de 1957, mais il ne s'agissait alors que de mesures de rétorsion politique. De la même manière, si la Russie expulse demain un certain nombre de diplomates britanniques il s'agira d'une mesure collective dictée par le principe de réciprocité qui régit les relations internationales, sans qu'il y soit nécessaire de mettre personnellement en cause le comportement de chacun d'eux. Quant à la proclamation de la rupture de tout contact bilatéral aux plus hauts niveaux de l'Etat, comme vient de le faire le Royaume-Uni, c'est une injure particulièrement rare.
Déjà l'expulsion de 23 diplomates russes sur 59, soit 40% de la représentation russe en Angleterre, est loin d'être une petite mesure anodine. On rappellera que le préavis d'une semaine est presque insultant, comme si la présence, une semaine de plus, des diplomates russes d'aujourd'hui représentait un danger supérieur aux espions soviétiques de 1971, auxquels on avait donné deux semaines. Surtout, on ne rappellera pas inutilement que 23 diplomates, c'est la moitié du nombre d'espions soviétiques expulsés par la France dans le cadre de l'affaire Farewell, dont le renseignement étatsunien estime qu'elle a précipité la chute de l'URSS. Et ce n'est pas fini, puisque ce 15 mars le gouvernement britannique a annoncé qu'un deuxième train de mesures et d'expulsions est déjà à l'étude au cas où la Russie répliquerait, ce qui est la règle (quels que soient les torts) en matière diplomatique.
Car la diplomatie est un jeu de finesse. On fait des sous-entendus, on démontre qu'on est totalement conscient du jeu de l'autre, on explique par une métaphore qu'on n'est pas idiot et qu'on sait que l'autre a compris que sa manoeuvre a échoué, on demande au vis-à-vis de vouloir bien avoir l'amabilité de présenter à son gouvernement cet ultimatum ou cette déclaration de guerre qu'on a été chargé de lui faire parvenir, mais on ne cesse de se sourire, de présenter ses hommages aux épouses et de s'inviter au prochain coctel ou événement diplomatique organisé par un homologue. Chacun sait pertinemment lequel a la chance de servir le pays qui est cette fois dans son droit et lequel a la malchance de servir le pays qui vient de se faire prendre en tort, mais les deux sauvent les apparences car, justement, la diplomatie est le dernier lien qui reste quand les armes parlent sur le champ de bataille et qu'il faudra à un moment donné coordonner leur mise en veille. Tel est, du moins, l'état de choses entre pays civilisés conscients de leur permanence historique et de celle de l'ennemi du jour, par-delà les défaites et les traités de capitulation, là où certains Etats immatures ou peuplades arriérées ne conçoivent que la destruction totale et innégociée de l'ennemi.
Pour sa part la diplomatie anglaise ne sortira pas grandie de cette hystérie. En novembre 2009, le secrétaire d'état britannique à l'énergie et au changement climatique Edward Miliband avait déclaré que les relations entre son pays et la Russie relevaient d'une "mésentente respectueuse". Il n'en reste que la mésentente. Pourtant l'Angleterre n'est précisément pas un jeune Etat périphérique du Nouveau-Monde sans vision du futur faute de perspective historique. Elle a établi ses premières relations diplomatiques avec la Russie il y a déjà presque un demi-millénaire (en 1553), un demi-millénaire certes après l'envoi de la première mission diplomatique française en Russie (en 1048 soit peu après sa fondation par le baptême de Saint Vladimir en Crimée). Quelque substitution de peuples qu'opère le gouvernement britannique, et quelque saignée que cela entraîne pour la population de Normands et Saxons des Angles, il restera une communauté indépendante dans ces îles pour certainement plusieurs siècles encore.
Au moment où le Royaume-Uni, comme ses alliés, prétend ne pas avoir attaqué la Syrie (bien qu'il l'envisage à très court terme) mais seulement tuer des terroristes présents en Syrie, il déclare que la Russie a attaqué la Grande-Bretagne. Tout en n'ayant pas encore la moindre preuve de l'implication du moindre Russe dans l'empoisonnement déclaré, le gouvernement anglais assure savoir que l'ordre en a été donné au plus haut niveau du gouvernement russe, et le premier ministre May accuse nominativement le président Poutine. La presse anglaise, de son côté, fait ses gros titres sur rien de moins que "l'attaque chimique russe sur Salisbury", afin d'assurer l'irréversiblité de la russophobie et de la misorussie des Britanniques.
Hier 14 mars, à l'issue de la réunion d'urgence du Conseil de Sécurité de l'ONU convoquée par le Royaume-Uni, celui-ci a opposé son veto au projet de communiqué final appelant à l'ouverture d'une enquête selon les normes de l'OIAC, au seul motif de refuser la moindre déclaration commune avec la Russie (une négation du principe de discussion des conflits fondateur de l'ONU), et de clamer la division du Conseil de Sécurité sur la question.
Enfin la déclaration commune, ce 15 mars, signée de la France, des Etats-Unis d'Amérique, du Royaume-Uni et de l'Allemagne, constitue en moins de vingt lignes un monument de mauvaise foi qui vaut la peine d'être lu. Cette déclaration déplore que "la vie de nombreux citoyens britanniques innocents a été menacée", alors que le poison aurait été introduit précisément et exclusivement dans le verre des deux victimes visées. Elle mentionne un agent innervant militaire "d'un type développé en Russie", alors que le Novitchok a été développé en Ouzbékistan alors membre de l'URSS. Elle note que cela constitue "le premier usage offensif d'un agent chimique innervant en Europe depuis la deuxième guerre mondiale", alors qu'un empoisonnement individuel n'est pas un usage militaire offensif, et que de plus les signataires tolèrent l'utilisation de chloropicrine contre la population civile d'ex-Ukraine. Elle prétend que c'est une "violation de la Convention sur l'Interdiction des Armes Chimiques", alors que celle-ci ne porte que sur l'utilisation militaire, réprouvée pour son caractère de destruction massive, des agents chimiques à finalité militaire. Elle clame que c'est "une violation du droit international", alors qu'aucun texte de droit international n'interdit l'assassinat, que pratiquent d'ailleurs les quatre signataires chez eux ou dans des pays tiers. Elle prétend que "cela menace notre sécurité à tous", alors qu'une tentative d'homicide est bien la moindre des menaces d'origine étatique qui planent sur les citoyens. Elle qualifie l'ultimatum britannique de "requête légitime", alors qu'elle n'a pas respecté les règles de l'OIAC, et elle conclut que l'absence d'obtempération de la Russie "souligne encore plus sa responsabilité", alors que celle-ci n'est nullement démontrée par ailleurs. Elle prétend que les pays signataires ne voient "pas d'autre explication plausible" que celle selon laquelle la Russie serait responsable de l'attaque, alors que n'importe quel quidam même pas policier peut facilement trouver une demi-douzaine d'autres explications plausibles. Elle mentionne un schéma général d'antécédents de "comportement russe irresponsable", alors que la Russie n'a agressé aucun pays depuis la fin de l'URSS (qui avait envahi l'Afghanistan) contrairement aux quatre pays signataires au lourd passif offensif, et alors que la Russie réagit de manière particulièrement mesurée aux provocations quotidiennes dont elle l'objet de la part de ces quartre membres de l'OTAN depuis plusieurs années. Surtout, celle déclaration assène que "ceci est un assaut contre la souveraineté du Royaume-Uni", alors que l'homicide, fût-il avéré, commis par un Etat sur le territoire d'un autre (et massivement commis par au moins l'un des signataires de cette déclaration) n'a jamais été considéré comme une sérieuse atteinte à la souveraineté nationale. Enfin la déclaration conclut sur un appel à la Russie à "être à la hauteur de ses responsabilités comme membre du Conseil de Sécurité de l'ONU", alors que depuis 1992 elle est systématiquement températrice, au Conseil, de toutes les pulsions agressives de ses partenaires.
Les termes ont été soigneusement choisis. En définissant l'hypothétique empoisonnement des Skripal comme une attaque armée contre le Royaume-Uni, ses alliés en ont fait un acte de guerre déclencheur automatique de la mise en oeuvre de l'article 5 du Traité de Washington, selon lequel tous les membres de l'Alliance Atlantique doivent désormais se considérer militairement agressés. Et en désignant la Russie comme coupable de cette agression, les signataires ont nommé leur ennemi. Le grand public croit parfois qu'une déclaration de guerre est un document diplomatique par lequel un gouvernement annonce à un autre que leur dispute est entrée en phase militaire, car c'est vrai qu'il en a longtemps été ainsi. Mais de nos jours une déclaration de guerre peut aussi simplement être un communiqué de presse par lequel un gouvernement informe sa population (ou dans certains pays le parlement) que le pays est désormais en état de guerre. Par exemple la déclaration de guerre du gouvernement français le 3 septembre 1939 n'a pas été adressée au gouvernement allemand, dont l'ultimatum donné par la France n'était pas encore échu, mais à la population française. Une fois de plus, car c'est une habitude qui devient répétitive depuis 2014, la France, les Etats-Unis d'Amérique, le Royaume-Uni et l'Allemagne ont déclaré la guerre à la Russie, et en des termes qui impliquent toute l'Alliance Atlantique. Le refus de signature des alliés certainement sollicités, comme la Turquie, l'Italie et la Pologne, méritera d'ailleurs d'être étudié, en regard notamment de la signature de la France qui avait déclaré hier 14 mars attendre les conclusions définitives et les preuves plutôt que succomber à la politique-fiction.
Au-delà, la conclusion de cette déclaration annonce l'objectif véritable, d'ailleurs dévoilé par avance par le premier ministre britannique à son parlement hier 14 mars : en prélude à la grande guerre, on va maintenant travailler à expulser la Russie du Conseil de Sécurité de l'ONU. La formulation britannique mentionne une refonte du Conseil de Sécurité, ce qui impliquerait évidemment l'accord de tous ses membres permanents, sinon de l'Assemblée Générale. La solution testée pour le G8, dont aucune règle ne prévoyait l'expulsion d'un membre, a consisté à ce que sept membres le quittent et en refondent une copie limitée (voir article "fronde au sein du G8" du 28 août 2015), mais l'ONU est quand même un machin bien plus gros. La solution que choisiront les Etats-Unis consistera simplement à interdire l'accès des représentants russes accrédités à New York.
Source : Stratediplo