La Turquie retire son armement lourd de la province d’Idleb. « Erdogan à Ankara n’est pas le même à Moscou »
La Turquie a entamé le retrait de ses armements lourds des postes d’observation qu’elle occupe dans la province d’Idleb, au nord-ouest de la Syrie, dans le cadre de l’accord qu’elle a conclu avec la Russie.
En fonction de cet accord, un cessez-le-feu a été décrété au terme d’une escalade militaire, lorsqu’Ankara a dépêché ses troupes pour stopper l’avancée de l’armée syrienne et ses alliés dans cette province occupée par l’alliance de milice jihadistes takfiristes Hayat Tahrir al-Cham, proches d’al-Qaïda.
Depuis le lancement de la bataille fin décembre, les forces gouvernementales syriennes étaient parvenues à libérer quelque 2.000 km2, c’est-à-dire la moitié de la province d’Idleb ainsi que des régions ouest de la province d’Alep et nord de la province de Hama.
Elles avaient surtout conquis l’autoroute internationaleAlep-Damas (M5) et s’apprêtaient à faire de même avec l’autoroute Alep-Lattaquié (M4), lorsque la Turquie a dépêché des renforts militaires et les a interférés dans la bataille, au côté des groupes terroristes. Plusieurs dizaines de militaires turcs ont été tués et blessés.
Lors de la rencontre entre le président turc Recep Tayyip Erdogan et son homologue russe Vladimir Poutine, le 5 mars dernier, il a été convenu, en plus du cessez-le-feu, de créer un couloir d’une longueur de 12 km tout au long de la M4 et d’y faire circuler des patrouilles russo-turques, à partir du 15 mars.
En revanche, l’accord accorde à la Russie la responsabilité de veiller à la sécurité dans la ville de Saraqeb. Située à l’intersection entre les M4 et M5, elle a été le théâtre de combats violents avec la participation des militaires turcs. Elle a toutefois été libérée en moins de 24 heures par l’armée syrienne et le Hezbollah. Directement, sa sécurité a été remise aux Russes.
En outre, c’est l’armée syrienne qui est chargée de celle de la M5, en fonction de l’accord qui attribue à la Turquie le désarmement des groupes terroristes dans une durée que Moscou devra fixer. Il a également été convenu que les miliciens étrangers devaient rentrer chez eux pour y être traduits en justice.
Ce mercredi 11 mars, M. Erdogan a affirmé que l’accord russo-turc a « commencé à être violé » et exhorté Moscou à « prendre des mesures » pour y remédier.
« Même s’il s’agit de petits incidents çà et là, le cessez-le-feu a commencé à être violé. Nous partageons ces développements avec la Russie (…) et attendons que des mesures soient prises », a déclaré M. Erdogan lors d’un discours à Ankara.
« Nous répondrons à la moindre attaque contre nos postes d’observation avec des représailles encore plus fortes », a-t-il menacé.
Selon les observateurs, Erdogan à Ankara n’est pas le même à Moscou. Chez lui, il s’irrite et menace. Alors que chez Poutine, il parait poli et docile. Les images qui lui ont été prises en attendant d’être accueilli par le président russe le dévoilent à sa vérité.
Source : French Almanar