La réaction de la Chine au virus a été époustouflante

05.02.2020

Le Président chinois Xi Jinping mène une « Guerre scientifique du Peuple » contre le coronavirus.

Le Président Xi Jinping a officiellement déclaré au chef de l’OMS, Tedros Ghebreyesus, lors de leur réunion à Pékin en début de semaine, que l’épidémie de coronavirus « est un diable et nous ne pouvons pas permettre au diable de se cacher ».

Ghebreyesus, pour sa part, ne pouvait que louer Pékin pour sa stratégie de réponse extrêmement rapide et coordonnée – qui comprend l’identification rapide de la séquence du génome. Les scientifiques chinois ont déjà remis à leurs homologues russes le génome du virus, avec des tests rapides permettant de l’identifier dans un corps humain en deux heures. Un vaccin russo-chinois est en cours de développement.

Le diable, bien sûr, est toujours dans les détails. En quelques jours, au plus fort de la période de l’année où les déplacements sont les plus encombrés, la Chine est parvenue à mettre en quarantaine un environnement urbain de plus de 56 millions de personnes, dont la mégapole Wuhan et trois villes voisines. C’est une première absolue en termes de santé publique, à tout moment de l’histoire.

Wuhan, avec une croissance du PIB de 8,5 % par an, est un centre d’affaires important pour la Chine. Elle est située au carrefour stratégique des fleuves Yangtsé et Han et à un carrefour ferroviaire également – entre l’axe nord-sud reliant Guangzhou à Pékin et l’axe est-ouest reliant Shanghai à Chengdu.

Alors que le Premier ministre Li Keqiang était envoyé à Wuhan, le Président Xi a visité la province méridionale stratégique du Yunnan, où il a fait l’éloge de l’immense appareil gouvernemental pour renforcer les mécanismes de contrôle et de prévention sanitaire afin de limiter la propagation du virus.

Le coronavirus frappe la Chine à un moment extrêmement sensible – après la tactique de Guerre Hybride (ratée) affichée à Hong Kong ; une offensive américaine pro-Taïwan ; la guerre commerciale loin d’être résolue par un simple accord de « phase 1 » alors que de nouvelles sanctions sont prévues contre Huawei ; et même l’assassinat du major Général Qasem Soleimani, qui vise en fin de compte l’expansion de l’Initiative la Ceinture et la Route (BRI) en Asie du Sud-Ouest (Iran-Irak-Syrie).

Le tableau d’ensemble décrit la guerre totale de l’information et la militarisation permanente de la « menace » chinoise – aujourd’hui même métastasée, avec des connotations racistes, considérée comme une menace biologique. À quel point la Chine est-elle vulnérable ?

Une Guerre du Peuple

Depuis près de cinq ans, un biolab de sécurité maximale est en service à Wuhan, dédié à l’étude des micro-organismes hautement pathogènes – mis en place en partenariat avec la France après l’épidémie de SRAS. En 2017, le magazine Nature mettait en garde contre les risques de dispersion des agents pathogènes hors de ce laboratoire. Pourtant, rien ne prouve que cela ait pu se produire.

En termes de gestion de crise, le Président Xi a été à la hauteur de la situation, en veillant à ce que la Chine lutte contre le coronavirus dans une transparence presque totale (après tout, la muraille Internet reste en place). Pékin a averti sans ambiguïté l’ensemble de l’appareil gouvernemental de ne pas tenter d’étouffer l’affaire. Une page web en temps réel, en anglais, ici, est à la disposition de tous. Quiconque n’en fait pas assez fera face à de graves conséquences. On peut imaginer ce qui attend le chef du parti dans le Hubei, Jiang Chaoliang.

Dans un message qui a été diffusé sur tout le continent dimanche dernier, on peut lire : « À Wuhan, nous sommes vraiment entrés dans la guerre du peuple contre la nouvelle pneumonie virale » ; et de nombreuses personnes, « principalement des membres du Parti Communiste » ont été confirmées comme « volontaires et observateurs selon les unités de rue ».

Le gouvernement a demandé à tout le monde d’installer une applet « Wuhan Neighbors » téléchargée sur WeChat. Celle-ci détermine « l’adresse de quarantaine de notre maison grâce à un positionnement par satellite, puis se verrouille sur notre organisation communautaire affiliée et nos bénévoles. Dès lors, nos activités sociales et nos annonces d’information seront connectées au système ».

Théoriquement, cela signifie que « toute personne qui développe une fièvre signalera son état par le biais du réseau dès que possible. Le système fournira immédiatement undiagnostic en ligne, et localisera et enregistrera votre adresse de quarantaine. Si vous avez besoin de consulter un médecin, votre communauté organisera une voiture pour vous envoyer à l’hôpital grâce à des bénévoles. En même temps, le système suivra vos progrès : hospitalisation, traitement à domicile, sortie, décès, etc. ».

Nous avons donc ici des millions de citoyens chinois totalement mobilisés dans ce qui est couramment décrit comme une « guerre du peuple » utilisant « la haute technologie pour lutter contre la maladie ». Des millions de personnes tirent également leurs propres conclusions en la comparant avec l’utilisation de logiciels d’application pour lutter contre la police à Hong Kong.

Le puzzle biogénétique

En dehors de la gestion de la crise, la rapidité de la réponse scientifique chinoise a été époustouflante – et de toute évidence pas pleinement appréciée dans un environnement de guerre totale de l’information. Comparez les performances chinoises à celles du CDC américain (Centres pour le Contrôle et la Prévention des Maladies), sans doute la première agence de recherche sur les maladies infectieuses au monde, avec un budget annuel de 11 milliards de dollars et 11 000 employés.

Lors de l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest en 2014 – considérée comme une urgence maximale, et confrontée à un virus dont le taux de mortalité est de 90% – le CDC a mis pas moins de deux mois pour obtenir le premier échantillon de patient et identifier la séquence génomique complète. Les Chinois l’ont fait en quelques jours.

Lors de la grippe porcine aux États-Unis en 2009 – 55 millions d’Américains infectés, 11 000 morts – le CDC a mis plus d’un mois et demi pour mettre au point des kits d’identification.

Les Chinois n’ont mis qu’une semaine, à partir du premier échantillon de patient, pour achever l’identification et le séquençage du coronavirus. Ils ont tout de suite décidé de publier et de déposer les résultats dans la bibliothèque génomique pour que toute la planète y ait immédiatement accès. Sur la base de cette séquence, les entreprises chinoises de biotechnologie ont produit des essais validés en une semaine – une première également.

Et on ne parle même pas de la construction désormais célèbre d’un tout nouvel hôpital ultramoderne à Wuhan en un temps record, juste pour soigner les victimes de coronavirus. Aucune victime ne paiera pour son traitement. En outre, la réforme du système de santé/développement « Chine en bonne santé 2030 » sera renforcée.

Le coronavirus ouvre une véritable boîte de Pandore sur la biogénétique. De sérieuses questions subsistent sur les expériences in vivo dans lesquelles le consentement des « patients » ne sera pas requis – compte tenu de la psychose collective initialement développée par les médias corporatifs occidentaux et même par l’OMS autour du coronavirus. Le coronavirus pourrait bien devenir un prétexte pour des expériences génétiques via des vaccins.

En attendant, il est toujours instructif de se souvenir du grand timonier Mao Zedong. Pour Mao, les deux principales variables politiques étaient « l’indépendance » et « le développement ». Cela implique une pleine souveraineté.Comme Xi semble déterminé à prouver qu’une civilisation-état souveraine est capable de gagner une « guerre scientifique du peuple », cela ne correspond pas vraiment à un état de « vulnérabilité ».

Pepe Escobar

 

Source : Mondialisation.ca

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