Hollande et Sarkozy ne doivent pas être candidats en 2017
Pour le député socialiste Patrice Prat, le FN prospère parce que les partis politiques sont dépassés et propose des solutions auxquelles n'adhère pas le peuple. Le renouvellement du personnel politique impose à MM. Hollande et Sarkozy de s'abstenir de se présenter à la présidentielle.
Acteur et observateur attentif de la scène politique ces dernières années, j'ai une conviction profonde: il faut désenclaver le paysage politique!
Que révèlent les résultats de ces élections régionales? Ils mettent surtout en lumière un paysage politique éclaté, miné par ses contradictions, ses incohérences, ses vaines querelles, grippé de l'intérieur, incapable de renouveler une offre politique que nous voudrions davantage en adéquation avec les aspirations de notre société et ses besoins réels.
Le système politique français, nous l'avons déjà trop dit, est à bout de souffle. Il rend ses dernières convulsions alors que la prochaine élection présidentielle approche à grands pas. A quoi bon blâmer ou mettre en garde les électeurs du Front national quand nous-mêmes, par nos comportements et notre cécité, nous ensemençons sans discontinuer le terreau de l'extrême-droite des germes du rejet. Ne voyez-vous donc pas que la grande masse des abstentionnistes, ainsi que celle d'une grande partie du vote porté sur le Front national, sont une réaction unanime contre la classe politique de ce pays? Combien de temps faudra-t-il encore pour vous en convaincre et vous persuader de changer votre manière d'être et de faire?
Nous sommes déconsidérés parce que le système entretient des oppositions dépassées que nos leaders, obstinément, entretiennent. Nos disputes de chiffonniers sur les plateaux de télévision et dans nos assemblées délibérantes ne trompent plus personne. Cette agitation, souvent stérile, sonne creux aux oreilles du plus grand nombre.
Il faut désenclaver le paysage politique si nous souhaitons renouer avec le peuple français et créer ce nouveau climat de confiance. Il en va de la survie même de notre démocratie. Il faut ainsi faire voler en éclat et régénérer nos clivages traditionnels, inventer une autre Gauche et une autre Droite dans ce paysage en miettes. Ces nouvelles lignes de fractures commencent à poindre au grand jour: Europe, mondialisation, souveraineté et Etat-nation, protectionnisme…
Seul ce nouveau modèle politique sera apte à engendrer une nouvelle classe dirigeante. Alors, faisons ce premier pas, envoyons un signe fort et symbolique de renouvellement: ni François Hollande, ni Nicolas Sarkozy ne devraient être candidats à l'élection présidentielle de 2017!
Le pays a besoin d'une grande respiration démocratique. Or, aussi paradoxal que cela puisse paraître, l'extrême-droite serait la seule à l'incarner. Douce folie française que celle de lui confier le soin de réparer nos erreurs, nos reniements ou de revitaliser le débat démocratique. Un mal devenu nécessaire pour une partie de plus en plus grande de l'opinion. C'est dire l'abattement général du pays et sa décomposition avancée! Je ne peux m'y résoudre.
Le regain démocratique doit venir de nous. Mais encore faudrait-il le vouloir et s'en donner les moyens? La France a besoin de femmes et d'hommes politiques exemplaires, qui parlent vrai. Avec une classe dirigeante qui instaure, notamment, le non cumul strict. Un homme, un mandat ; et cela à tous les étages du pouvoir, local comme national. Plus encore, un mandat limité dans le temps pour mettre fin aux trop longues carrières de notable, ce poison hérité des vieilles démocraties. Une classe dirigeante enfin qui restera, autant que possible, cohérente dans ses positions. Comment ne pas déconcerter les électeurs quand, régulièrement, leurs élus enchaînent volte-face et revirements une fois installés aux responsabilités, laissant ainsi se répandre le sentiment de trahison dans l'opinion.
Evidemment, le principe de réalité peut parfois s'imposer et contrarier des engagements ou des prises de position passées. Mais, doit-il devenir une règle permanente, presqu'immuable, dès lors que la volonté vous manquerait? Parler vrai, ce doit être une exigence pour réconcilier la Nation avec ses élites. C'est éclairer le chemin, fournir toutes les explications pour aider à la compréhension du monde tel qu'il est, tel qu'il sera, et celui qu'ensemble nous pourrions redessiner.
Mon témoignage de Parlementaire n'a d'autre dessein que de vous parler vrai et de battre en brèche la formule trop souvent éprouvée: «Il faut que tout change … pour que rien ne change». Alors, avant qu'il ne soit trop tard, faisons ensemble en sorte que tout change. Vraiment.