Expansion du corridor économique Chine-Pakistan (CPEC). Téhéran veut construire « l’anneau d’or »

10.02.2020

Les processus d’intégration eurasienne menés par l’Initiative la Ceinture et la Route (BRI) sont l’une des caractéristiques des relations internationales contemporaines, et l’Anneau d’Or pourrait éventuellement devenir la pièce maîtresse de ces efforts si la proposition du O-CPEC+ de l’Ambassadeur Hosseini aboutit, surtout si elle est menée en parallèle avec le N-CPEC+.

L’Ambassadeur iranien au Pakistan a partagé ses plans visionnaires pour le CECP+, le néologisme devenu populaire au Pakistan ces temps-ci pour désigner l’expansion du Corridor Économique Chine-Pakistan le long de différents axes géographiques tels que ceux du nord (N-CECP+), de l’ouest (O-CECP+) et du sud (S-CECP+). L’Agence Anadoloude Turquie a fait état de la conférence de l’Ambassadeur Seyyed Mohammad Ali Hosseini à l’Institut d’Études Stratégiques d’Islamabad (IESI) en début de semaine, qui mérite d’être analysée plus en profondeur.

Selon l’Ambassadeur Hosseini, « la mise en place d’un réseau ferroviaire entre Gwadar et Chabahar et sa liaison avec l’Europe et l’Asie Centrale via l’Iran, va entraîner un développement économique majeur dans la région. D’autre part, la construction d’une voie ferrée sur le territoire pakistanais vers la Chine, reliant les deux ports, conduira au développement économique de cette région ». En pratique, cela répondrait à ce que j’ai écrit sur le O-CECP+ dans mon analyse sur CGTN en avril dernier intitulée « Le CECP+ est la clé pour atteindre les objectifs d’intégration régionale ».

Dans cet article, j’ai écrit que « la récente visite du Premier Ministre pakistanais Khan en Iran a vu les deux pays voisins s’entendre pour approfondir leur coopération, qui pourrait vraisemblablement évoluer vers une route commerciale terrestre du O-CECP+ passant par la République Islamique pour rejoindre Islamabad et les partenaires de Pékin en Turquie, qui pourrait être associée à un corridor maritime parallèle reliant le point terminal du CECP de Gwadar aux royaumes du Golfe ».

C’est exactement ce que l’Ambassadeur Hosseini a proposé lors de sa conférence à l’IESI (moins la partie concernant les royaumes du Golfe), qui pourrait révolutionner le rôle géostratégique de l’Iran dans l’ordre mondial multipolaire émergent et, par conséquent, en faire l’un des pays les plus importants de la BRI si elle est mise en œuvre avec succès dans le temps. Cela pourrait avoir des implications économiques importantes, mais aussi politiques.

L’ambassadeur est également cité par l’Agence Anadoloucomme ayant déclaré que « des pays comme l’Iran, le Pakistan, la Turquie, la Russie et la Chine ont le potentiel de former une nouvelle alliance pour un meilleur avenir de la région ». Si la Chine et la Russie évitent le terme « alliance » pour décrire leurs relations étroites avec d’autres pays, l’intention de ses propos est suffisamment claire dans la mesure où il appelle à un partenariat stratégique renforcé entre ces cinq pays. Cela devient une possibilité réaliste entre la Chine, le Pakistan, l’Iran et la Turquie si le O-CECP+ est mené à bien.

Quant à la Russie, elle pourrait être associée à cette proposition ambitieuse de connectivité si le O-CECP+ est élargi pour l’inclure via l’Azerbaïdjan en suivant la voie proposée par le Corridor de Transport International Nord-Sud que ces deux pays, l’Iran et l’Inde, tentent de construire. En outre, la création d’un corridor commercial entre la Russie et le Pakistan via l’Afghanistan et l’Asie Centrale de l’après-guerre (N-CECP+) pourrait grandement contribuer à faire de Moscou une plus grande partie prenante de ce quintet stratégique centré sur le CECP que certains ont appelé « l’Anneau d’Or ».

Les processus d’intégration eurasienne menés par la BRI sont l’une des caractéristiques des relations internationales contemporaines, et l’Anneau d’Or pourrait éventuellement devenir la pièce maîtresse de ces efforts si la proposition de l’Ambassadeur Hosseini du O-CECP+ aboutit, surtout si elle est réalisée en parallèle avec le N-CECP+. Les cinq États piliers de cette vision de la connectivité pourraient être reliés entre eux et aux États qui se trouvent entre eux (Afghanistan, Azerbaïdjan et Républiques d’Asie Centrale) par une multitude de corridors ferroviaires et de transport construits par la Chine.

Par ces moyens, la Chine fonctionnerait comme le moteur de l’intégration eurasienne et lierait plus étroitement tous les pays concernés dans une Communauté de destin partagé. L’interdépendance complexe qui résulterait de cette vision ferait de chaque partie une plus grande partie prenante du succès de l’autre, avec la construction de mégaprojets multilatéraux offrant à leurs citoyens des opportunités économiques sans précédent. L’Anneau d’Or centré sur le CECP renforcerait donc la stabilité du cœur géostratégique de l’Eurasie.

Andrew Korybko

 

Source : Mondialisation.ca

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