L’ÉTAT D’URGENCE SE DILATE
L’etat d’urgence, ou la manière habile ou hypocrite, c’est selon, de ne pas dire que nous sommes en guerre… C’est très exactement pour ne pas se déclarer en état de siège, à la suite des attentats meurtriers perpétrés par le FLN algérien sur le sol français en novembre 54, que l’état d’urgence est inventé… Ironie de l’histoire, le 3 avril 1955, la loi qui l’instaure est votée malgré l’opposition de 255 députés de gauche…
Avec l’état d’urgence, contrairement à l’état de siège, qui existe depuis 1849, la responsabilité du maintien de l’ordre n’est PAS transférée à l’armée… Par ailleurs, lors de la promulgation de l’état d’urgence version 2015, la justice militaire se voit retirer la possibilité de se saisir des crimes et délits connexes à l’état d’urgence.. C’est dommage, car sans cela, les terroristes interpellés vivants et surtout, leurs complices auraient pu, ou du être jugés par des tribunaux militaires.
L’état d’urgence instauré en novembre dernier a par ailleurs été allégé dans sa version de février et mai 2016… La loi qui a été votée le 20 juillet, et le prolonge de 6 mois supplémentaires, réintègre des mesures de novembre 2015, comme l’assignation à résidence administrative, c’est à dire sans intervention d’un juge, ou encore, la possibilité d’explorer les ordinateurs, tablettes et smartphones saisis lors d’une perquisition, sans avoir à motiver ces investigations.
Une loi d’exception qui dans d’autres pays pas très démocratiques est largement utilisée pour surveiller et brimer les adversaires politiques. Heureusement, nous ne risquons rien de tel en France, ceux qui nous dirigent sont beaucoup trop soucieux de la préservation des libertés individuelles, et respectueux des règles de la démocratie…
Le problème, c’est que malgré l’état d’urgence, plusieurs attentats terroristes ont été perpétrés sur le sol français depuis le Bataclan, dont, le dernier en date, particulièrement meurtrier, a fait 84 morts, une vingtaine de blessés dans un état critique, des centaines d’autres blessés, et des milliers, pour ne pas dire des millions de français traumatisés.
Le problème, c’est que malgré l’état d’urgence, les opposants à la loi Travail ont pu défiler à 11 reprises dans les rues de Paris et des grandes capitales de province, avec, à chaque fois, leur cohortes de casseurs, rarement inquiétés par la police et la justice. Le problème, c’est que l’Euro 2016, ou même, les festivités du 14 juillet, étaient en théorie incompatibles avec l’état d’urgence qui aurait du interdire les rassemblements de foules… on a vu le résultat à Nice, l’occasion était trop belle pour les terroristes. Le problème, enfin, c’est que l’état d’urgence use les forces de police et de gendarmerie déjà passablement éreintées, notamment par les différentes réformes, en particulier sous le règne de Nicolas Sarkozy qui a supprimé des milliers de postes au sein des forces de l’ordre…
Résultat, aujourd’hui, les criminels et délinquants de droit commun ont les coudées franches… Contrairement à ce que l’on pourrait croire, l’état d’urgence ne protège pas mieux les français… la preuve : le nombre de cambriolages est ainsi en augmentation significative ces derniers mois dans plusieurs dizaines de départements français… Par ailleurs, les forces de l’ordre n’ont plus les moyens de patrouiller à certaines heures, ou à certains endroits… Police secours n’envoie un équipage que si vraiment, l’événement qui a motivé l’appel semble critique.
De plus en plus de voix s’élevent pour dire que l’état d’urgence n’est qu’une facade… Laurent Mucchielli, directeur de recherche au CNRS et spécialiste des questions de sécurité affirme que “L’état d’urgence, qui est en train de devenir permanent, n’est pas d’une grande efficacité dans la lutte contre le terrorisme”. Le député PCD Jean Fredéric Poisson, rapporteur du contrôle parlementaire de l’état d’urgence, affirme que cet état d’exception qui se prolonge crée un risque flagrant de déséquilibre des pouvoirs, il a d’ailleurs été l’un des rares à avoir voté contre sa prolongation…
Le député LR Frédéric Lefebvre, lui, propose carrément d’activer l’état de siège… car pour lui, la menace exige une réponse militaire… Seulement voila : l’armée aussi est à bout de souffle, avec 10 000 soldats déployés pour l’opération Sentinelle, elle a atteint son maximum… Et l’idée lumineuse de François Hollande de faire appel à la réserve opérationnelle fait beaucoup rire ou plutôt grincer des dents chez les gradés… car la réserve n’est que l’ombre d’elle-même.
Lors de la guerre d’Algérie, ce sont les conscrits qui formaient le gros du contingent envoyé sur place…. le service durait officiellement 18 mois, mais certaines classes sont restées 30 mois sous les drapeaux. Pour répondre à la menace terroriste, il ne sera bientôt plus possible de bricoler… mais ce n’est certainement pas ce gouvernement ci qui pourra prendre les mesures qui s’imposent pour conduire cette bataille… et la gagner.
Source : TV Libertés